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Le « translangage » : Apprendre deux langues en même temps pour faciliter la progression

Dans un contexte où les élèves vivant dans un milieu anglophone doivent apprendre en français, le « translangage » s’impose comme une approche novatrice. Depuis septembre 2023, une école primaire de la Côte-Nord, au Québec, expérimente un programme permettant aux élèves de 1ʳᵉ et 2ᵉ année de naviguer entre le français et l’anglais, ce qui les fait progresser plus rapidement dans l’apprentissage des langues.
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Table des matières

Le translangage désigne les pratiques pédagogiques qui permettent et encouragent les personnes apprenant une nouvelle langue à mobiliser l’ensemble de leur répertoire linguistique, peu importe la langue utilisée, du moment qu’ils s’expriment. « Cette stratégie permet aux élèves d’utiliser toutes leurs compétences linguistiques pour communiquer et apprendre plutôt que de préconiser une seule langue », écrivait Chantal Mayer-Crittenden, orthophoniste et professeure agrégée à l’Université Laurentienne, dans cet article de La Conversation.

Le translangage, qui s’appuie sur des recherches confirmant son efficacité, favoriserait donc une progression plus rapide et naturelle dans l’apprentissage du français, tout en valorisant les compétences linguistiques déjà acquises dans la langue maternelle des enfants.

C’est à partir de ces connaissances que Houda Nasreddine, formée en psychologie du développement de l’enfant et en éducation spécialisée, a accompagné des enseignantes de l’École Mgr-Scheffer de Blanc-Sablon dans le développement et l’implantation d’un programme de translangage. Celui-ci a été conçu spécifiquement pour répondre aux défis linguistiques des élèves anglophones de Blanc-Sablon, une communauté située sur la Côte-Nord au Québec, où l’anglais domine dans la vie quotidienne. L’objectif principal était de lever les blocages que certains pouvaient ressentir face à l’apprentissage du français, en leur permettant d’utiliser plus librement les deux langues en classe. 

Ainsi, dans un cycle d’apprentissage de neuf jours, les élèves suivent des cours de français et d’anglais presque quotidiennement, en plus de bénéficier de cinq séances de translangage d’environ une heure, soit environ à chaque deux jours. « Lors de ces séances, ils sont autorisés à parler en français et en anglais sans restriction, facilitant ainsi l’acquisition du vocabulaire et des structures grammaticales dans les deux langues. Ils ont moins peur de s’exprimer, ils utilisent alors tous les mots qu’ils connaissent pour le faire », explique Houda Nasreddine.

Un apprentissage structuré et visuel

L’approche repose sur des différentes stratégies pédagogiques, combinant l’usage des couleurs, des supports visuels et des concepts communs aux deux langues, comme les questions fondamentales (qui, quoi, quand, où, comment). « L’idée est de renforcer les liens entre les langues avant d’aborder leurs spécificités », dit Houda.

Les similitudes utilisées dans le cadre du translangage incluent :

  • Lexicales : Mots qui se ressemblent
  • Grammaticales : Structures de phrases similaires
  • Phonétiques : Sons similaires
  • Thématiques : Sujets partagés
  • Culturelles : Points communs culturels

L’efficacité du programme repose aussi sur une collaboration étroite entre les enseignantes de français et d’anglais. Celles-ci doivent coordonner leur planification afin que les mêmes notions soient présentées dans les deux langues et consolidées lors des cours de translangage. L’évaluation des apprentissages se fait principalement par l’enseignante d’anglais en utilisation la triangulation (conversation, production, observation). 

Bien que cela demande un temps de préparation supplémentaire, les retombées observées en classe témoignent d’une meilleure compréhension des concepts et d’un engagement accru des élèves. « Les premiers résultats sont encourageants : les élèves semblent apprendre plus rapidement et avec plus de confiance, car ils peuvent s’appuyer sur leurs connaissances en anglais pour comprendre le français. Ils développent un vocabulaire plus riche et font des liens plus profonds entre les concepts. Cette approche réduit définitivement la peur de l’erreur et favorise une communication plus fluide, essentielle à leur développement linguistique », fait valoir Houda.

Actuellement déployé auprès des élèves de 1ʳᵉ et 2ᵉ année, l’initiative devrait être élargie aux élèves de 3ᵉ et 4ᵉ année l’an prochain afin que les élèves qui ont débuté leur parcours scolaire avec cette approche puissent continuer de progresser avec celles-ci. De plus, elle suscite déjà la curiosité et l’intérêt d’enseignante d’autres écoles du Centre de services scolaire du Littoral. 

Houda Nasreddine accompagne aussi d’autres écoles souhaitant mettre en place des classes de transition anglais-français et adapter leurs programmes pour maximiser l’efficacité de l’apprentissage du français. « Plutôt que de percevoir l’anglais comme un obstacle à l’apprentissage du français, cette approche devient un atout, permettant aux élèves de devenir bilingues de façon naturelle et durable », conclut-elle.

Pour en savoir plus au sujet du translangage : Malgré les risques, il faut encourager l’usage de l’anglais et d’autres langues dans les écoles francophones au Canada 

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