Par Marie Pascale de Grandpré, enseignante de 5e année au Centre de services scolaire du Chemin-du-Roy
L’auteur réagit à l’article Lutter contre la désinformation un élève à la fois, paru dans Le Journal de Québec, le 31 mai 2025.
Ce qui m’étonne, en 2025, c’est que l’éducation aux médias soit encore une pratique marginale dans notre système scolaire. Pourtant, ce volet fait partie du Programme de Formation de l’École Québécoise (PFEQ) depuis plus de 20 ans, et ce, dès le primaire.
Je m’interroge : pourquoi ce n’est toujours pas intégré de façon systématique au cursus, dans les pratiques, les projets, et la culture professionnelle ?
L’éducation aux médias n’est pas un ajout. Depuis la réforme, il s’agit d’un domaine général de formation. Autrement dit, c’est transversal. C’est là pour s’insérer dans toutes les disciplines, de façon naturelle, au fil des apprentissages. Il ne s’agit pas, à mon sens, d’un cours à part, mais plutôt de saisir les multiples opportunités quotidiennes pour outiller les élèves de façon à comprendre, décoder et questionner le monde qui les entoure. Et aujourd’hui, ce monde est saturé de messages médiatiques. Qui plus est, l’omniprésence de l’intelligence artificielle exige de nous tous une forme encore plus aiguisée de jugement critique, face à la quantité exponentielle d’informations auxquelles nous sommes exposés.
Personnellement, j’enseigne depuis 2006, et je n’ai jamais négligé cet aspect. Il se retrouve dans les conférences, les discussions, les projets, les débats, les cours d’éducation à la sexualité, et maintenant dans le programme de Culture et citoyenneté québécoise (CCQ), où il est clairement identifié comme un élément clé. Pour moi, la construction du jugement critique est un travail de tous les jours et non pas un événement isolé.
Et soyons clairs : éduquer aux médias, c’est aussi éduquer à la citoyenneté, à la liberté de pensée, à la démocratie, au vivre-ensemble et à la capacité de reconnaître la manipulation.
En somme, au risque de froisser certaines sensibilités, cela fait partie de notre mandat éducatif. C’est une responsabilité professionnelle. Si nous constatons personnellement des lacunes dans ce domaine, il nous revient de les adresser dans le cadre de notre formation continue. Nous avons eu le temps. Cessons de considérer l’éducation aux médias comme une innovation ou une surprise. C’est une attente claire du programme, mais surtout une nécessité dans une ère où la démocratie occidentale est mise à mal.