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Surcharge numérique : reprendre le contrôle de ses outils pour mieux enseigner

Qui n’a jamais ouvert son ordinateur en pensant gagner du temps… pour finir noyé sous les onglets, les notifications et les outils qu’il faut sans cesse apprivoiser ? Pour beaucoup d’enseignants et de formateurs, cette fatigue numérique est bien réelle et mine la créativité autant que l’énergie. Comment reprendre le contrôle et revenir à un usage plus simple, plus fluide — plus humain — du numérique ? Cet article propose des pistes concrètes pour alléger la charge et recentrer la technologie sur l’essentiel.
Temps de lecture estimé : 8 minutes
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Table des matières

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Par Magali Boursier
Formatrice et enseignante indépendante
Langues de Profs, Bratislava (Slovaquie)

Ce serait un euphémisme d’affirmer que la technologie a envahi notre environnement professionnel et personnel. Pour un enseignant ou un formateur, les outils numériques peuvent bien sûr faciliter la gestion, enrichir la pédagogie, voire transformer la pratique. Par contre, face à une offre numérique toujours plus abondante, la tentation d’accumuler les outils est grande et le risque de sombrer dans la surcharge numérique guette. 

Cette surcharge a en effet des conséquences réelles : elle peut générer stress par manque de maîtrise, dispersion et perte de temps, au lieu d’apporter le gain d’efficacité recherché initialement. Comment alors choisir les bons outils, ceux qui correspondent vraiment à nos besoins, et comment les utiliser sans se laisser submerger?

Comprendre la surcharge numérique

La surcharge numérique ne se résume pas au fait d’utiliser beaucoup d’outils. Elle tient plutôt à la manière dont ces outils s’empilent et s’entrecroisent, parfois sans cohérence, créant une accumulation de notifications, d’informations redondantes; sans parler de cette nécessité constante de passer d’une interface à une autre. Cette dispersion réduit la concentration, augmente la charge mentale et nuit à la créativité.

Nombreux sont les professionnels de la formation à avoir constaté combien, sans une sélection rigoureuse, il est facile de perdre beaucoup d’énergie à gérer les outils plutôt qu’à se concentrer sur l’essentiel : la préparation des cours, l’accompagnement des apprenantes et apprenants ou la création de contenus pédagogiques.

Clarifier ses besoins avant de choisir un outil

La clé pour éviter la surcharge est donc de clarifier ses besoins. Il ne s’agit pas d’adopter un outil parce qu’il est à la mode ou parce qu’un collègue le recommande. Il s’agit plutôt de comprendre précisément quelles tâches on souhaite optimiser :

  • Est-il nécessaire d’organiser ses rendez-vous simplement et rapidement?
  • Un espace pour centraliser ses ressources pédagogiques est-il une priorité?
  • Créer des supports interactifs est-il une nécessité?
  • Une plateforme pour organiser des réunions ou formations en ligne est-elle indispensable?
  • Comment suivre le progrès et la participation des apprenants?

Une fois les besoins clairement définis, il est temps de rechercher des outils adaptés. Il faut toutefois éviter deux écueils : croire qu’un seul outil pourra tout faire, ou, à l’inverse, succomber à la tentation d’en utiliser une multitude. L’outil parfait n’existe pas, même si de nouveaux apparaissent régulièrement. Entre l’ergonomie, la qualité et la réactivité du soutien à la clientèle, la stabilité de l’outil et son coût, le choix s’impose souvent de lui-même.

Un autre élément essentiel dans l’équation, c’est la convivialité et la simplicité d’utilisation pour les apprenants, quels que soient leur âge et leur degré de maîtrise de l’informatique. Inutile de rajouter de la difficulté et de la complexité aux apprentissages.

Des outils au quotidien

L’idée est de s’organiser autour d’un nombre restreint d’outils choisis pour leur complémentarité et leur simplicité d’usage. Voici des suggestions utilisées dans le cas d’un accompagnement d’apprenants à distance. Ces outils sont le plus souvent disponibles en ligne, sur inscription, et ils disposent d’une version gratuite et payante tout en étant adaptés aux téléphones mobiles (cf. une application existe pour chacun d’eux) :

  • Un outil de prise de rendez-vous : il permet aux apprenants de réserver facilement des créneaux, évitant ainsi les allers-retours par courriel. Encore mieux s’il s’intègre avec l’agenda numérique, ce qui évite les conflits et permet de gérer son temps efficacement. (Dans sa pratique en Slovaquie, l’auteure utilise une app nommée Koalendar.)
  • Un outil pour les formations et réunions en ligne : la plateforme choisie doit être particulièrement adaptée par sa simplicité et sa stabilité; en outre, elle permet un bon niveau d’interactivité avec les participants (partage d’écran, sondages, questions-réponses) et il est possible d’enregistrer les séances ainsi que les discussions dans l’espace de clavardage. L’auteure de cet article utilise Zoho Meeting dans sa pratique indépendante. 
  • Un outil pour centraliser ses idées, organiser ses plans de cours, stocker ses ressources et suivre ses projets : la grande modularité d’un tel outil permet de mieux structurer l’ensemble de son travail. Pour sa part, l’auteur utilise Notion, même si sa prise en main lui a demandé un peu de temps.
  • Un outil pour créer des supports visuels et interactifs : cela permet de donner plus de dynamisme aux contenus. Il convient cependant de rester vigilant pour ne pas multiplier les plateformes qui rempliraient des fonctions proches et pour éviter de se disperser. Par exemple, l’auteure affectionne Genially. 

Pratiquer régulièrement le tri et l’ajustement

La surcharge numérique est un risque permanent, car les outils évoluent, de nouveaux font leur apparition, et les besoins de chacun peuvent changer avec le temps. C’est pourquoi il est indispensable de pratiquer régulièrement un tri :

  • Passer en revue ses outils en se demandant s’ils sont effectivement utilisés et s’ils sont d’un réel apport.
  • Désactiver ou supprimer ceux qui ne correspondent plus aux besoins.
  • Sur certaines plages horaires, réduire les notifications pour préserver sa concentration.
  • Analyser la compatibilité entre les outils pour éviter les doublons ou la nécessité de ressaisir plusieurs fois la même information.

Cette vigilance permet de garder une organisation fluide, adaptable et surtout centrée sur l’essentiel.

Ne pas perdre de vue l’humain et la créativité

Au-delà des outils, il est important de se rappeler que la technologie doit être au service de l’humain et de la créativité pédagogique. Les outils numériques ne remplacent pas la réflexion, la relation avec les apprenants ni l’adaptation aux besoins spécifiques de chacun.

Dans la pratique, privilégier donc des outils qui libèrent du temps pour se concentrer sur la conception de contenus sur mesure, la personnalisation des parcours et la qualité des interactions. L’intelligence artificielle, par exemple avec ChatGPT, permet de générer rapidement des supports adaptés ou de trouver des idées. Mais c’est toujours le pédagogue qui garde la main sur la pédagogie, en ajustant et en personnalisant les contenus.

Conseils pour choisir et intégrer un nouvel outil

Si vous envisagez d’intégrer un nouvel outil, voici quelques conseils utiles :

  1. Testez avant d’adopter : utilisez les versions d’essai, explorez les tutoriels, vérifiez si l’outil correspond vraiment à votre façon de travailler. Certaines solutions proposent des démonstrations en direct. Parfois, il est préférable de se contenter de la version gratuite et ne pas tester la version payante (même gratuitement) si l’on sait que le tarif ne correspond pas à son budget actuel.
  2. Vérifiez les intégrations possibles : plus un outil peut s’intégrer avec ceux que vous utilisez déjà, moins il créera de doublons.
  3. Privilégiez la simplicité et la fiabilité : parfois, un outil simple et stable est plus efficace qu’une application hyper sophistiquée, mais instable.
  4. Pensez à la confidentialité et à la sécurité : assurez-vous toujours que vos données et celles de vos apprenants sont protégées.

En conclusion

La surcharge numérique constitue un élément-clé pour les enseignants et formateurs à l’ère du numérique. Elle peut être surmontée, voire anticipée, grâce une démarche consciente et réfléchie qui commence par une bonne connaissance de ses besoins réels, puis par un choix raisonné d’outils complémentaires et adaptés.

L’organisation et le tri réguliers sont essentiels pour maintenir une pratique fluide et sereine et laisser la technologie jouer pleinement son rôle d’aide, sans qu’elle devienne un poids.

Enfin, la créativité, la pédagogie et le lien humain restent au cœur de notre métier. Les outils numériques sont là pour soutenir ces dimensions et non pour les remplacer.

À voir aussi : Le numéro d’hiver de la revue École branchée aura pour thème « S’organiser avec les outils numériques ». Assurez-vous d’être abonné pour plus d’idées! 

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