Fruit d’une collaboration avec de nombreux partenaires, dont l’Observatoire pour l’éducation et la santé des enfants et la Chaire Robert Sheitoyan, le programme À la découverte du monde vise à intégrer les sciences de manière concrète et accessible dès la petite enfance, en misant sur la curiosité naturelle des enfants et sur le jeu.
« Les jeunes enfants ont un intérêt spontané pour le monde qui les entoure, mais les sciences sont encore très peu abordées au préscolaire. Plusieurs enseignants les jugent trop complexes à enseigner, ou manquent de temps, de matériel ou de formation », a expliqué Laurence Bourgeois. Elle a présenté son projet doctoral dans le cadre de l’événement Science on Stage Canada, qui s’est déroulé le 16 août 2025.
Un programme structuré
Le programme s’appuie sur quatre volets complémentaires :
- Exploration libre de matériel scientifique pendant la période de jeux libres.
- Activité guidée par l’enseignant, avec objectifs et matériel précis.
- Réinvestissements collectifs et individuels.
- Activités supplémentaires, incluant lectures documentaires et expériences.
Sur une période de six mois (novembre à avril), les enfants explorent 21 thèmes scientifiques, touchant autant l’univers du vivant (humain, animal, végétal, environnement) que celui du non-vivant (terre, espace, physique).
Le programme d’éducation aux sciences est actuellement en phase d’expérimentation dans plusieurs classes du Québec. Une attention particulière a été portée aux milieux défavorisés, où les écarts de préparation scolaire peuvent être plus marqués. Deux centres de services scolaires ont déjà pris part à l’expérimentation en 2024-2025 : le Centre de services scolaire des Rivières-du-Nord et celui des Laurentides.
Douze classes ont intégré le programme, tandis qu’un groupe témoin de onze classes a poursuivi son approche habituelle. Les classes ayant intégré le programme ont reçu tout le matériel pédagogique nécessaire, ainsi que des livres imagés et d’autres ressources imprimées destinées aux jeunes enfants.
Le projet comprenait aussi un volet formation pour les enseignantes participantes : quatre séances de formation en ligne, quatre demi-journées de développement professionnel, ainsi qu’un accompagnement continu via un groupe Teams pour favoriser les échanges entre pairs.
Évaluer les impacts chez les enfants… et les adultes
Le projet ne vise pas seulement à enrichir l’offre éducative : il cherche aussi à mesurer concrètement les effets de ce programme structuré sur les enfants et leurs enseignants. Deux assistants de recherche ont été mandatés pour effectuer des observations et évaluations entre octobre 2024 et mai 2025.
Chez les enfants, l’équipe s’est penchée sur les connaissances scientifiques, les habiletés cognitives (vocabulaire, numératie, autorégulation) et les compétences scientifiques (observer, se questionner, prédire, discuter, expérimenter…). Chez les adultes, les observations portaient sur le sentiment de compétence, les pratiques pédagogiques et la qualité de l’environnement éducatif en sciences.
Changer les pratiques, dès la petite enfance
Le projet rappelle l’importance d’introduire les sciences tôt dans le parcours scolaire, sans jamais sous-estimer les capacités des enfants. Il met aussi en lumière le rôle essentiel de l’adulte dans le soutien à l’apprentissage et l’importance de favoriser un lien actif avec la nature et la protection de l’environnement.
« Ce programme s’appuie sur la découverte, la curiosité, le jeu, et surtout, sur l’idée que chaque enfant a le potentiel de devenir un petit scientifique », a conclut Laurence Bourgeois.






