Science on Stage est un réseau européen actif dans plus de 30 pays qui vise à promouvoir l’excellence en éducation scientifique. Le Canada est le seul pays « hors-Europe » à faire partie du réseau. Les activités de l’organisme s’adressent à tous les enseignantes et enseignants passionnés par l’enseignement des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM).
Réfléchir l’enseignement des sciences autrement
La journée s’est amorcée avec une conférence de Johanne Patry, Ph. D., l’une des pionnières de Science on Stage au Canada. Aujourd’hui, à la retraite, elle a été enseignante et conseillère pédagogique pendant plus de 20 ans au Québec. Pendant sa carrière, elle a multiplié les activités originales en lien avec l’aérospatiale et cela l’a conduite à faire la connaissance de Science on Stage Europe.
Dans une présentation à la fois philosophique et ancrée dans le quotidien scolaire, elle a invité les personnes présentes à repenser leur rôle à travers les sept savoirs d’Edgar Morin et à nourrir l’éducation du futur : « Penser apprentissage plutôt qu’enseignement. » Elle a souligné l’importance d’enseigner dans un monde incertain, en valorisant la collégialité, la curiosité et l’adaptabilité.
Elle a rappelé que les outils passent, mais que la connaissance et les humains restent. « On sera tous dépassés à un moment ou un autre. Il faut apprendre à s’adapter pour ne pas devenir des dinosaures », a-t-elle lancé. Elle a évoqué avec humour la nécessité d’entretenir la passion et la créativité pour développer des citoyens responsables et autonomes dans une perspective de développement durable professionnel et personnel.
Jeux, expériences et réalité augmentée
Parmi les présentations de projets pédagogiques, notons celle de Mme Coraline, enseignante dans une école alternative de Montréal. Elle a démontré comment initier les élèves à la démarche scientifique dès la rentrée scolaire grâce à un jeu d’évasion clé en main qu’elle a conçu. L’activité, qui se déroule sous forme d’enquête, débute par le visionnement d’une courte vidéo qui est une fausse nouvelle. Le reste de la situation combine énigmes et réflexion critique. À la fin, les élèves visionnent une deuxième vidéo qui révèle la fausse nouvelle. L’enseignante a réalisé l’activité avec différents groupes de la 3e à la 6e année du primaire (9 à 12 ans).
Un autre projet pédagogique a été présenté par Josianne Guay, enseignante au Centre scolaire secondaire communautaire (CSSC) Mercier de Whitehorse, au Yukon. Elle a présenté un projet interdisciplinaire en mathématiques et sciences qui visait la construction de plans électriques à l’échelle. Les élèves ont dû élaborer le plan électrique d’une maison et explorer des circuits électriques à l’aide d’un simulateur. Dans une prochaine version du projet, Josianne prévoit d’explorer avec ses élèves les normes de la construction et leur faire réaliser une maquette de la maison.
Les projets présentés par les enseignants étaient très variés, allant de la découverte des écluses à la construction d’un mini-golf, en passant par la conception de jeux pour une kermesse et l’analyse de la qualité de l’eau.
À ce sujet, Tim Molnar, professeur en sciences de l’éducation à l’Université de Saskatchewan, accompagne chaque année des groupes de jeunes autochtones sur le territoire de Prince Albert, dans le nord de la province (voir autre texte). L’objectif est de récolter des données pour mesurer et quantifier les changements climatiques dans cette région. Dans leur quête, les jeunes sont aussi épaulés par des membres des communautés qui profitent de chaque sortie sur le terrain pour leur transmettre des savoirs traditionnels.
Juste avant la pause du midi, les personnes présentes ont pu s’initier à la réalité augmentée lors d’un atelier pratique animé par Fusion Jeunesse. Tous ont pu créer un montage interactif simple dans Delightex (anciennement CoSpaces). Cet atelier a démontré le potentiel du numérique pour soutenir l’exploration scientifique.
Science et entrepreneuriat : une rencontre prometteuse
Pour clore la journée, Jean-Sébastien Reid, directeur général de l’organisme Idée éducation entrepreneuriale, a proposé une réflexion sur la complémentarité entre la science et l’entrepreneuriat scolaire. Selon lui, permettre aux élèves de créer, de s’engager dans leur communauté et de résoudre des problèmes authentiques favorise l’apprentissage par l’action. « Comme enseignant, il est possible de faire un pas de plus pour donner une voix à mes élèves et les rendre plus influents dans leur communauté. Les élèves peuvent devenir initiateurs, réalisateurs et gestionnaires de projets; et pas seulement réalisateurs, comme c’est généralement le cas », dit-il.
Il a présenté le projet Actionne ton Idée, qui invite les enseignants à accompagner leurs élèves dans une démarche scientifique et entrepreneuriale de 12 semaines, dès l’automne 2025.
Une communauté qui se construit
Tout au long de la journée, les participantes et participants ont pu visiter la foire scientifique et les stands d’organismes, comme le Réseau québécois sur l’énergie intelligente, Écoles eSTIMe, Technoscience, La baleine nomade et Young Engineers.
L’éditeur de livres imagés Auzou, l’Expérimentarium de l’Université du Québec à Trois-Rivières et l’enseignante Laurence Bourgeois, qui développe un Programme de sciences pour les maternelles 4 ans, dans le cadre de son doctorat (voir autre texte), ont aussi fait des présentations au cours de la journée.
En route vers l’Europe ?
L’événement servait aussi de vitrine pour la sélection des projets qui représenteront le Canada à Science on Stage Europe, qui se tiendra en mai 2026 à Klaipėda, en Lituanie. Quatre projets canadiens seront choisis dans les prochaines semaines pour former la délégation officielle.
En complément : Science on Stage Canada : un tremplin pour les projets scientifiques en classe