Le rapport de recommandations sur l’encadrement de l’intelligence artificielle, Prêt pour l’IA, a été rendu public le 5 février 2024 au terme d’une démarche de réflexion collective qui a été menée au Québec au cours de l’année 2023. Cette démarche, à laquelle des dizaines d’experts issus de divers domaines d’activités ont participé, visait à doter la province d’une vision commune pour répondre aux défis du développement et du déploiement responsables de l’IA.
Un aperçu des recommandations avait été diffusé en novembre dernier. Celui-ci laissait entrevoir qu’une place importante serait faite au développement de la littératie numérique des jeunes et adultes. Le niveau variable de connaissances et de compétences en IA, et même envers le numérique en général, avait été identifié et mentionné, à plusieurs reprises, comme un défi dans le milieu de l’enseignement.
Le rapport final avance une série de recommandations, dont les douze principales sont appuyées par vingt-cinq complémentaires, « visant à assurer le développement et l’utilisation responsables de cette technologie au Québec autour de cinq grands axes : encadrer, anticiper, former, propulser et positionner ».
Nous nous sommes intéressés plus particulièrement à l’axe Former qui vise à « Former la nation afin que tous les Québécois profitent de l’IA et pour favoriser une adoption responsable de l’IA ».
Former la nation afin que tous les Québécois profitent de l’IA et pour favoriser une adoption responsable de l’IA
Ainsi, le Conseil formule deux recommandations principales et trois recommandations complémentaires.
1. S’assurer de l’adaptation, dans les meilleurs délais, des programmes d’enseignement de la maternelle à l’université…
… pour que ceux-ci permettent de renforcer la littératie numérique et la littératie en IA des enfants, des élèves et des étudiants, notamment afin d’accroître leur capacité à utiliser l’IA efficacement, et à exercer leur pensée critique à son égard. (recommandation principale 4)
Pour augmenter la littératie numérique et en IA des élèves et des étudiants, le Conseil mentionne dans son rapport qu’il sera nécessaire de compter sur la collaboration des acteurs terrains existants, comme le RÉCIT, afin qu’ils participent « aux réflexions menées en amont de tout projet en IA; aux expérimentations qui seront réalisées en IA; aux travaux d’accompagnement des milieux ».
Parallèlement, le Conseil encourage la création d’un référentiel de compétences en IA afin de bonifier les référentiels existants, comme le Cadre de référence de la compétence numérique du ministère de l’Éducation et le Référentiel québécois des compétences du futur de la Commission des partenaires du marché du travail.
Ce référentiel devrait être décliné selon des compétences sectorielles (p. ex. : un référentiel des compétences en IA requises par les infirmières ou les comptables), et ce, afin que différents acteurs de l’enseignement puissent développer des formations scolaires, postsecondaires et professionnelles adaptées aux besoins.
Le Conseil encourage aussi le gouvernement du Québec à s’assurer que la nouvelle version de la Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue vise explicitement à augmenter la littératie numérique et en IA, et aborde de front les enjeux liés au déploiement du numérique et de l’IA dans les milieux de vie et de travail.
2. Mettre rapidement en place un programme de formation des formateurs…
… qui permet aux organismes d’intermédiation du Québec, aux centres collégiaux de transfert technologique (CCTT), aux ordres professionnels ou à d’autres acteurs de ce genre de disposer des ressources humaines dont ils ont besoin pour accélérer la mise à niveau des connaissances en IA des travailleurs et des organisations du Québec.
Le Conseil mentionne dans son rapport que « la formation continue de la main-d’œuvre ne sera pas suffisante pour éviter de prendre du retard » et qu’il faudra « augmenter le bassin d’experts et de professionnels capables de développer et de déployer l’IA dans les organisations québécoises », ce qui devrait permettre d’accroître l’offre de formation. Encore une fois, il appelle à s’appuyer sur les acteurs reconnus dans les milieux.
Parallèlement, le Conseil encourage « la réalisation, tout comme la mise à jour continue, d’une cartographie de l’offre de formations académiques et professionnelles sur le numérique et l’IA, et diffuser publiquement le produit de cet effort », afin de faciliter l’accès aux formations en lien avec les besoins de chacune et chacun.
« La présente démarche a mobilisé les forces vives de l’écosystème québécois d’IA pendant plusieurs mois. Elle visait à tirer profit de l’intelligence collective afin de permettre au Québec de se tourner vers l’avenir », a résumé le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Environnement, Pierre Fitzgibbon lors de l’événement de lancement du rapport. « Il fallait trouver un équilibre entre le potentiel des innovations technologiques et la protection des individus et tenir compte de la réalité québécoise. »
Le rapport complet ainsi que les autres publications en lien avec la démarche de réflexion collective sont disponibles sur le site Web du Conseil de l’innovation du Québec.
En résumé :
Recommandations principales de l’axe Former
- Recommandation principale 4 – S’assurer de l’adaptation, dans les meilleurs délais, des programmes d’enseignement de la maternelle à l’université, pour que ceux-ci permettent de renforcer la littératie numérique et la littératie en IA des enfants, des élèves et des étudiants, notamment afin d’accroître leur capacité à utiliser l’IA efficacement, et à exercer leur pensée critique à son égard.
- Recommandation principale 5 – Mettre rapidement en place un programme de formation des formateurs qui permet aux organismes d’intermédiation du Québec, aux centres collégiaux de transfert technologique (CCTT), aux ordres professionnels ou à d’autres acteurs de ce genre de disposer des ressources humaines dont ils ont besoin pour accélérer la mise à niveau des connaissances en IA des travailleurs et des organisations du Québec.
Recommandations complémentaires de l’axe Former
- Recommandation complémentaire 13 | Soutenir l’élaboration d’un référentiel de compétences en IA, d’une part, puis sa déclinaison en référentiels de compétences sectoriels, d’autre part, afin que différents acteurs puissent l’utiliser pour développer des formations scolaires, postsecondaires et professionnelles adaptées à leurs besoins.
- Recommandation complémentaire 14 | S’assurer que la nouvelle version de la Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue vise explicitement à augmenter la littératie numérique et en IA, et aborde de front les enjeux liés au déploiement du numérique et de l’IA dans les milieux de vie et de travail.
- Recommandation complémentaire 15| Soutenir la réalisation, tout comme la mise à jour continue, d’une cartographie de l’offre de formations académiques et professionnelles sur le numérique et l’IA, et diffuser publiquement le produit de cet effort.