Par École branchée
Dans un contexte où l’usage des outils numériques en classe suscite autant d’espoirs que de préoccupations, la notion de valeur ajoutée devient centrale. L’objectif n’est plus de simplement intégrer le numérique pour suivre une tendance, mais bien de s’assurer qu’il contribue concrètement à l’enseignement et à l’apprentissage.
C’est dans cette perspective que s’inscrivent les travaux de Noben et Fiévez (2024), qui ont proposé une définition rigoureuse et une typologie validée par un panel d’experts pour mieux cerner ce que peut apporter le numérique à l’éducation.
Selon ces auteurs, la plus-value du numérique en éducation peut être définie comme suit :
« L’apport potentiel amené par le processus lié à l’intégration dans des pratiques d’enseignement ou d’apprentissage d’un dispositif permettant de réaliser une action qu’il n’était pas possible d’effectuer sans le numérique (innovation), ou pas aussi facilement (progrès). »
(Noben & Fiévez, 2024, p. 9)
Cette définition met l’accent non pas sur l’outil en soi, mais sur la manière dont il est intégré de façon intentionnelle dans un contexte pédagogique.
Elle repose sur deux types de valeur ajoutée :
- L’innovation, lorsqu’une action est rendue possible uniquement grâce au numérique.
- Le progrès, lorsqu’une action déjà réalisable devient plus facile, plus rapide ou plus efficace.

Une typologie pour guider l’analyse des usages
Pour accompagner cette définition, les chercheurs ont élaboré une typologie qui permet de réfléchir concrètement à l’apport du numérique selon la fonction pédagogique de l’activité.
Chaque situation d’apprentissage peut ainsi être analysée en trois dimensions :
- L’usage prévu du numérique (ex. : captation, rétroaction, collaboration, différenciation).
- L’apport spécifique du numérique dans cette activité (ex. : gain de temps, interactivité, accessibilité).
- L’effet sur la pédagogie ou la didactique (ex. : individualisation, engagement accru, rétroaction immédiate).
Le croisement de ces éléments permet de déterminer si le numérique apporte une valeur ajoutée réelle, ou s’il agit comme simple substitut à une méthode déjà existante sans bénéfice pédagogique évident.
La typologie développée présente :
- des fonctions (s’informer, produire, communiquer, évaluer, etc.);
- des exemples d’usages (partager, différencier, modéliser, modifier, etc.);
- des apports transversaux (automatisation de tâche, rapidité d’exécution, facilité, etc.);
- des apports potentiels (respecter le rythme de l’apprenant, proposer des méthodes variées, modéliser un parcours, ouvrir sur le monde, etc.).

Plusieurs experts consultés par les deux chercheurs ont remis en question l’exhaustivité des catégories proposées. Des cases avec des pointillés ont été ajoutées pour montrer que d’autres éléments pouvaient être pris en compte.
En conclusion, les chercheurs notent qu’« il est important de rappeler qu’intégrer le numérique dans des pratiques d’enseignement-apprentissage ne permettra pas systématiquement l’identification d’une plus-value et n’amènera pas nécessairement une transformation des pratiques. L’idée est bien de soutenir la réflexion sur l’intérêt, la pertinence, d’intégrer le numérique dans ses pratiques dans un contexte donné ».
Bref, la valeur ajoutée du numérique ne réside pas dans la technologie elle-même, mais dans la pertinence de son intégration au service des apprentissages.
Pour les équipes-écoles, cela implique une posture réflexive : se poser les bonnes questions, s’appuyer sur des cadres théoriques solides, et surtout, garder l’élève et ses besoins au centre de toutes les décisions pédagogiques.
Les travaux de Noben et Fiévez outillent les milieux scolaires qui souhaitent mieux choisir, encadrer et valoriser l’usage des technologies.
Référence : Noben, N. et Fiévez, A. (2024). Les plus-values liées à l’intégration du numérique en éducation : validation d’une définition et d’une typologie par un panel d’experts. Formation et profession, 32(1), 1-19. https://dx.doi.org/10.18162/fp.2024.836






