Le programme PROTIC du Collège des Compagnons a été pionnier au Québec en 1997 avec son approche novatrice « un élève, un portable ». Maintenant que les usages numériques sont de plus en plus normalisés dans les milieux scolaires, il n’est plus tout à fait unique. Dans les dernières années, l’équipe PROTIC a d’ailleurs observé un essoufflement des pratiques pédagogiques utilisant les outils technologies dans le programme.
« Avec le temps, les effets positifs et innovants du numérique à l’intérieur du programme se sont estompés », a indiqué Carolanne Boulanger, l’une des chercheuses impliquées dans le projet, lors d’une conférence présentée dans le cadre du Sommet du numérique en éducation.
C’est ainsi que les enseignants ont exprimé une volonté de se recentrer sur des pratiques pédagogiques plus cohérentes et adaptées aux réalités actuelles, tout en maintenant un haut niveau d’engagement des élèves. La collaboration avec des professeures-chercheuses de l’Université Laval a permis de coconstruire un dispositif de développement professionnel pratiquement sur mesure pour l’équipe enseignante.
L’objectif est d’améliorer les pratiques pédagonumériques et de favoriser l’engagement de tous les élèves inscrits au programme. « L’idée n’est pas de faire plus, mais de faire mieux. Les pratiques numériques ne sont pas conçues comme de simples ajouts technologiques, mais comme des prolongements des pratiques pédagogiques », résume Carolanne Boulanger.
Trois grands thèmes ont guidé les efforts d’amélioration :
- l’équilibre numérique (autrement dit, l’usage judicieux et sain des technologies),
- l’autonomie et la structure (trouver le bon niveau de guidance dans l’apprentissage),
- l’apprentissage collaboratif (organiser les séquences d’enseignement pour favoriser la coopération entre élèves).
Dans ce projet, le développement professionnel est défini comme un processus visant l’accroissement des connaissances, des compétences et des attitudes des enseignants, ainsi que la transformation de leurs pratiques en classe dans le but d’améliorer l’apprentissage et la réussite des élèves (Desimone, 2009).
Un continuum de formation
Plutôt que de multiplier les formations ponctuelles, le dispositif mis en place met l’accent sur la collaboration, l’apprentissage actif et la continuité dans le temps.
Concrètement, le projet s’articule autour de plusieurs leviers :
- Un questionnaire d’engagement a été complété par tous les élèves afin de comprendre leur perception des activités pédagogiques au programme.
- Des synthèses de résultats ont ensuite été partagées aux enseignants.
- Des captations vidéo de pratiques enseignantes et des rencontres par niveau d’enseignement ont permis aux chercheuses d’en apprendre plus sur les pratiques et d’offrir de la rétroaction aux enseignants.
- Des cafés pédagogiques volontaires et des assemblées obligatoires de programme ont eu lieu.
Les premiers constats issus du projet sont prometteurs. Les enseignants participants soulignent une redynamisation des échanges entre collègues, un intérêt renouvelé pour la réflexion pédagogique et un sentiment de progression partagée. « Ils intègrent le numérique de façon plus intentionnelle et structurée. »
Les cafés pédagogiques, bien que facultatifs, génèrent des discussions riches, et les assemblées obligatoires permettent d’identifier collectivement des priorités d’action. De plus, l’analyse des réponses des élèves au questionnaire permet de valider rapidement les effets des ajustements apportés et de mieux cibler d’autres pistes d’amélioration futures.
Selon Carolanne Boulanger, ce projet de codesign présente un modèle reproductible pour d’autres milieux scolaires désireux d’actualiser leurs pratiques pédagonumériques de manière durable, collaborative, en s’inspirant des données probantes.