par Laurent Di Pasquale
Quelques fois, je souhaiterais ardemment être encore en classe pour aborder avec mes élèves des enjeux sociétaux si importants.
À la suite des événements récents aux États-Unis, des photos de Tyler Robinson, l’homme qui aurait assassiné Charlie Kirk en plein discours sur un campus universitaire de l’Utah, ont abondamment circulé sur les réseaux sociaux. Sur certaines en particulier, il porte un chandail aux couleurs du mouvement MAGA (associé aux partisans du président Trump); sur d’autres, celui des démocrates.
France 24 résume ainsi :
Both Republicans and Democrats are sharing a photo of Robinson to prove he’s either pro-Trump or pro-Harris. Both of the photos are fake – and are doctored versions of the same image.
Républicains et démocrates partagent tous deux une photo de Robinson pour prouver qu’il serait soit pro-Trump, soit pro-Harris. Les deux photos sont fausses : ce sont des versions retouchées d’une même image.
En effet, la photo originale le montre simplement avec un t-shirt neutre. Ces images, modifiées à l’aide de l’IA, démontrent à quel point il est facile de fausser la réalité et d’instrumentaliser, ici à des fins politiques, l’émotion des gens.
C’est un exemple parmi d’autres de la puissance de ces nouveaux outils génératifs. En quelques clics, on peut créer un contenu trompeur capable de semer la confusion, de renforcer les préjugés ou d’attiser les divisions. Face à ces manipulations, une personne dépourvue de littératie numérique et de réflexes critiques risque presque toujours de tomber dans le piège.
On observe le même phénomène avec les vidéos générées par IA, qui prolongent artificiellement une photo ou une séquence. Ces contenus, difficiles à distinguer du vrai, envahissent les plateformes et brouillent de plus en plus notre rapport à l’information.
À mesure que les modèles progressent, la frontière entre réalité et fiction s’efface. Ce qui devrait être une avancée technologique impressionnante devient aussi une menace directe pour la confiance collective dans nos institutions et nos débats démocratiques. La question reste entière : « quelles utilisations de l’intelligence artificielle sont acceptables ou non dans nos sociétés? »
A) Utiliser la recherche inversée de Google pour vérifier une photo.
Voici comment :
B) Pour les vidéos, on peut s’aider de cette extension, Fake news debunker (en se rappelant qu’aucun détecteur d’IA n’est parfait!).
C) Développer le réflexe de chercher des indices de génération artificielle (ex. logos intégrés par erreur).
D) Repérer les incohérences graphiques (comme une main humaine avec un nombre incorrect de doigts), même si cela devient de plus en plus difficile.
Plus que jamais, il faut outiller nos élèves et nos concitoyens à croiser les sources, vérifier les informations et se forger un esprit critique solide. Car l’IA n’est pas seulement une révolution technologique : elle peut devenir un levier puissant de manipulation des masses.
Différents acteurs du monde numérique et de l’éducation vous donnent accès à des ressources mobilisables en classe pour aborder ces sujets qui, il faut bien l’admettre, peuvent parfois générer un certain inconfort, tant leur compréhension fait appel à de nombreux concepts socio-politiques. À ce propos, les As de l’info ont récemment publié un article sur ce même thème.
Dans le but de mieux accompagner les enseignants et les équipes pédagogiques qui souhaiteraient traiter ce genre de thématique dans leurs cours, nous vous proposons une petite sélection de ressources (provenant de nos services ou d’ailleurs) qui, nous l’espérons, vous seront utiles!
a) Dans la collection de guides d’activité SCOOP! de l’École branchée
Divers guides proposent des activités clés en main permettant, par exemple, de réaliser des exercices de vérification de faits. Ils invitent également les élèves à développer leur esprit critique, tout en leur faisant acquérir des bases nécessaires pour faire face à ce type de situation.
b) Des formations en rediffusion vidéo de la série Découverte de l’École branchée
Les différentes thématiques abordées dans ces formations vous offriront des bases de réflexion, ainsi que des pistes et des outils concrets pour concevoir des activités mêlant intelligence artificielle, esprit critique et vérification de l’information.
Alors que l’écoute numérique transforme notre manière d’aborder les textes, le mode de lecture influence l’organisation cognitive et la planification de la compréhension. Dans cet article de La Conversation, découvrez comment Frédéric Bernard, de l’Université de Strasbourg, analyse les mécanismes de contrôle cognitif, de métacognition et d’attention soutenue pour éclairer les apports et limites de l’audio en contexte scolaire.
À l’heure où les appels à interdire les réseaux sociaux pour les mineurs se multiplient, Claire Berlage, présidente du Conseil supérieur de l’Éducation aux médias (CSEM) de la Fédération Wallonie-Bruxelles, plaide pour une approche fondée sur le dialogue, la prévention… et la confiance.
L’usage du numérique et de l’intelligence artificielle (IA) à l’école exige aujourd’hui plus qu’une simple réglementation : il appelle une réflexion éthique partagée, qui inclut aussi la famille. Pour aider les milieux scolaires à mettre en place un cadre clair et mobilisateur, L’École branchée propose une série de ressources simples et concrètes. Les aviez-vous déjà lues? Sinon, voici un rappel!
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