Par Marc-André Girard
Notre chroniqueur Marc-André Girard a récemment participé à la 7ᵉ édition de Ludovia#PF, événement de formation pédagonumérique, qui s’est tenu du 29 au 31 janvier 2025 à l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation de l’Université de la Polynésie française, à Tahiti. Il se questionne au sujet du thème de l’événement : « Le numérique, des liens qui libèrent ». Vraiment?
Le numérique nous lie. Nous vivons à une époque où ce qui nous sépare semble prendre plus d’importance, mais il ne faut pas oublier quels ont été ses apports pendant la pandémie. Les plateformes de webconférence ont sauvé des années scolaires et ont permis à des millions de travailleurs de poursuivre leurs activités professionnelles. Désormais, la collaboration est possible sans égard à la réalité géographique. Les seules contraintes demeurent celles d’accès à Internet et celles liées aux fuseaux horaires. Notre réseau s’agrandit au même rythme que les perspectives de collaboration s’ouvrent à nous, ce qui pave la voie à la réalisation de grandes choses!
Le numérique facilite l’universalité et l’inclusion. C’est très certainement une des grandes vertus anticipées de l’arrivée des IA et d’autres technologies ont déjà fait leurs preuves à cet égard. Les usages du numérique ont permis à des élèves EHDAA de compter sur des outils qui leur donnent les moyens de progresser à un rythme similaire à celui de leurs compagnons de classe, en plus de leur permettre de réaliser les mêmes apprentissages.
Le numérique permet d’être plus efficaces et plus efficients. Clairement, nous n’avons probablement jamais eu de tels outils pour nous permettre des gains d’efficacité et d’efficience. La question demeure : que faire avec le temps ainsi épargné? Il semble nécessaire de le réinvestir auprès des élèves et de ceux qui leur offrent des services directs. Le numérique aura donc des vertus indirectes grâce à ses perspectives d’efficacité : elles permettent la consolidation du lien entre l’enseignant et l’apprenant, relation au centre de la démarche d’apprentissage.
Le numérique nous émerveille. Quand on pense aux potentialités qu’elles offrent, les technologies numériques impressionnent. Je me souviens de la publicité de Microsoft il y a plusieurs années qui démontrait de façon habile comment elles étaient appelées à transformer nos vies dans les prochaines décennies. Malgré ces potentialités, nous apprenons à ne pas sombrer dans la naïveté et à garder une saine distance avec les outils que nous façonnons et qui nous façonnent à leur tour (McLuhan).
Oui, il y aura toujours des enjeux préoccupants, des usages douteux et des ajustements à apporter dans les milieux scolaires par des professionnels soucieux de deux choses : préparer les élèves à un usage responsable tout au long de leur vie et utiliser les meilleurs outils pour mieux répondre aux besoins variés de leurs élèves. Concernant ces derniers, ils apprennent à outrepasser un genre d’« effet wow » où nos élèves utilisent assidûment une technologie grâce à l’effet d’entraînement que la nouveauté engendre. Cet effet est lui-même limité dans le temps, ce qui permet de nous questionner : que reste-t-il lorsque le « wow » disparaît? S’il a bien été intégré dans les pratiques pédagogiques et celles d’apprentissage qui en découlent, ce qui reste, c’est la pérennité de ses usages. On passe ainsi du « wow », à l’utile, puis à l’incontournable.
Grâce à leurs propriétés unificatrices, universelles, inclusives et d’émerveillement collectif, sans omettre les gains significatifs en efficacité qu’elles rendent possibles, il apparaît évident que les technologies numériques offrent une libération tant pour les utilisateurs que pour les élèves et les adultes. Elles favorisent la libération des apprentissages pour certains et des stratégies pour d’autres. En d’autres termes, elles offrent à tous la possibilité d’accomplir leur travail et de progresser dans le perfectionnement de leurs compétences spécifiques.