Le Fonds de recherche du Québec présente régulièrement des activités de transfert de connaissances afin de permettre aux chercheurs de diffuser les résultats de leurs travaux. Voici le résumé de quelques études qui ont été présentées au cours des derniers mois, à propos de lecture et d’écriture, d’inclusion, de persévérance et de réussite scolaire.
Écriture et lecture
Deux recherches soutenues par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC) et le ministère de l’Éducation (dans le cadre du Programme de recherche sur l’écriture et la lecture).
La formation continue des enseignant.e.s, axée sur les récits dictés et joués par les enfants, et ses effets sur les enfants en maternelle, par Diane Pesco, Université Concordia
L’approche suivante a été mise à l’essai dans le cadre de la recherche :
« À un moment propice, l’enseignante demande aux enfants de sa classe de lui raconter une histoire de manière individuelle. Cette histoire peut être entièrement fictive, ou inspirée par des évènements vécus par l’enfant ou par des histoires que l’enfant connaît déjà. L’enseignante prend en note l’histoire exactement comme l’enfant la lui dicte, en encourageant l’enfant à observer le processus d’écriture. Plus tard dans la journée, l’enseignante lit l’histoire à la classe et s’assure que les enfants la comprennent bien. Par la suite, l’enseignante guide l’enfant raconteur et ses pairs à jouer des rôles et à mimer l’histoire. »
Les enseignantes ont fait état de « multiples bénéfices […] pour le langage et les compétences sociales, émotionnelles et cognitives des enfants. » L’équipe de recherche recommande désormais une mise en œuvre plus large de l’approche et a créé un Guide d’accompagnement pour les enseignants.
Interactions à l’oral dans les cercles de lecteurs d’œuvres littéraires au primaire : une recherche-action mobilisant des actrices de changement en matière de littératie, par Martin Lépine, Université de Sherbrooke.
Devant le constat que « plus on avance dans la scolarité obligatoire, plus les attitudes positives des élèves envers la lecture diminuent », l’équipe de recherche a exploré une nouvelle façon d’enseigner et d’évaluer la lecture. Alors que « les pratiques évaluatives se cristallisent autour de l’usage de questionnaires écrits », ce sont des cercles de lecteurs et de lectrices d’œuvres littéraires qui ont été mis en place pour favoriser les interactions à l’oral.
L’équipe a constaté « les bienfaits d’une évaluation plus dynamique de la lecture et de l’appréciation des œuvres littéraires par un changement de posture chez les enseignantes ». Elle a noté que les cercles de lecture valorisent des dimensions de la lecture qui impliquent la subjectivité des élèves et qui sont habituellement peu abordées en classe, telles que l’aptitude des jeunes lecteurs et lectrices à réagir aux œuvres littéraires, à partager leur interprétation et à développer leur jugement critique.
Parmi les pistes d’action formulées, on retrouve :
- soutenir de diverses façons les personnes enseignantes pour qu’elles deviennent des modèles par des accès privilégiés à la littérature,
- encourager des pratiques enseignantes qui impliquent directement les élèves dans leur coconstruction,
- miser sur des pratiques évaluatives qui sollicitent les élèves de façon dynamique dans le choix des preuves d’apprentissages qu’ils et elles souhaitent mettre de l’avant,
- rendre disponible des livres directement dans les milieux scolaires.
Visionner l’enregistrement de l’activité présentant ces deux recherches.
Persévérance et réussite scolaires
Deux recherches soutenues par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC) et le ministère de l’Éducation (dans le cadre du Programme de recherche sur la persévérance et la réussite scolaires)
Améliorer l’expérience socioscolaire des élèves nouvellement arrivés en situation de grand retard scolaire : transformation des modèles d’organisation des services par et pour les acteurs du milieu, par Valérie Amireault, Université du Québec à Montréal (UQAM)
Depuis 2017, le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) compte chaque année entre 18 800 et 22 200 élèves nés à l’extérieur du Canada. En 2022, selon les données internes, ils représentaient entre 25 à 28 % des effectifs au primaire et au secondaire. Parmi ces élèves, plusieurs sont considérés en situation de grand retard scolaire (SGRS). Ces élèves « font face, de façon simultanée, à de nombreux et d’importants défis, notamment “l’apprentissage du français, le développement accéléré de la littératie et de la numératie ainsi que les apprentissages liés aux contenus disciplinaires, notamment ceux relatifs aux repères culturels et aux pratiques scolaires” ».
Même s’il est souhaité d’améliorer l’expérience socioscolaire de ces élèves et de leur famille leur accueil et intégration amènent plusieurs défis et questionnements dans les milieux. Les travaux de recherche ont d’ailleurs fait ressortir que « les réalités, les expériences et les besoins des élèves en SGRS semblent peu ou pas connus » et que « les parents de ces élèves rencontrent des défis multiples qui peuvent limiter leur implication ‘attendue’ dans le parcours scolaire de leurs enfants ».
Parmi les recommandations suggérées par l’équipe, on retrouve la mise en place de plan d’intégration individualisé, le soutien d’initiatives permettant l’accueil des élèves et la prise en compte des besoins des parents pour une meilleure collaboration.
Les principales actions et réalisations de ce projet sont documentées et partagées dans une section dédiée aux élèves en SGRS dans le webdocumentaire Des racines et des ailes sur la réussite des élèves issus de l’immigration.
Le projet ESH-Transition, par Simon Larose, Université Laval
Depuis les dernières décennies, les collèges du Québec ont vu croître de façon exponentielle leur population d’étudiants en situation de handicap (ESH). L’offre d’accommodements et de soutien par les services adaptés et l’instauration progressive de pratiques pédagogiques en classe dites inclusives ont constitué des moyens privilégiés par les collèges pour soutenir ces étudiants et leur assurer un contexte plus propice à la réussite et persévérance scolaire.
L’étude réalisée devait permettre de valider l’impact de cette offre sur la trajectoire scolaire des étudiants. Au final, le volet quantitatif « aura montré peu d’évidence d’effets probants des services adaptés sur les trajectoires d’adaptation scolaire et émotive des cégépiens et sur leur réussite scolaire ». Plus précisément, l’analyse démontre que, si les services dits adaptés ont pu contribuer à prévenir l’abandon des études collégiales chez les filles, ils l’auraient par contre précipité chez les garçons. « Ces résultats laissent croire en la présence d’une grande disparité dans les services offerts d’un collège à l’autre et d’un statut de handicap à l’autre », indique les chercheurs.
Finalement, ils indiquent que « la portée des services adaptés dans les collèges demeurera très limitée », si aucun travail de valorisation de l’ESH n’est fait, si on ne forme pas les enseignants à la réalité de l’ESH et si des pratiques pédagogiques inclusives ne sont pas mises en place.
Visionner l’enregistrement de l’activité présentant ces deux recherches.