ANNONCE
ANNONCE

L’intelligence artificielle en éducation : un allié qui ne remplace pas l’intuition de l’être humain

Dans cette chronique, notre collaborateur Marc-André Girard souligne que l’intelligence artificielle, loin de déshumaniser l’école, met en lumière le rôle central du jugement et de l’intuition des enseignants. Une analyse des « minidonnées » humaines, absentes des algorithmes, reste essentielle pour accompagner chaque élève dans sa réussite.
Temps de lecture estimé : 4 minutes
PARTAGER VIA :

Table des matières

ANNONCE

Par Marc-André Girard, directeur d’établissement scolaire et collaborateur de l’École branchée

Lors de la journée Init-IA-tive, tenue en janvier 2025 à Laval, au Québec, et axée sur les répercussions de l’intelligence artificielle (IA) en contexte scolaire, la professeure Margarida Romero a pris la parole à titre de conférencière invitée. Dans son intervention matinale, elle a souligné que l’usage des IA exige des humains qu’ils mobilisent leur subjectivité, leur intuition, leur sens moral et leur capacité d’adaptation. Cette position soulève une question fondamentale : remet-elle en cause le discours dominant qui, à l’ère du Big Data et des données probantes, valorise l’objectivité dans la prise de décision en éducation?

En apparence, plusieurs systèmes scolaires, guidés par une logique de gestion axée sur les résultats, cherchent à exploiter toutes les données disponibles pour prendre des décisions les plus objectives possible. C’est dans ce cadre que l’intelligence artificielle (IA) est perçue comme un levier prometteur pour soutenir la réussite scolaire. Les IA dites « prédictives » sont désormais capables d’anticiper le parcours d’un élève, y compris les risques de décrochage, en croisant des données scolaires, familiales et socioéconomiques. Elles produisent ainsi un diagnostic instantané : à partir des données actuelles, voici ce que l’avenir scolaire réserve.

Or, ces prédictions ne sont pas figées. Elles peuvent — et doivent — évoluer, car si l’IA prédit, c’est l’humain qui agit. Une fois le signal d’alerte lancé, les professionnels de l’éducation doivent travailler en collaboration avec les parents pour élaborer des pistes de solution. C’est à ce moment précis que l’intervention de Margarida Romero prend tout son sens, et ce, à deux niveaux.

Premièrement, une nouvelle entité s’ajoute à la collaboration entre les professionnels de l’école et les parents : l’IA. Grâce à la coopération humain-machine, cette dernière permet d’exploiter les données en profondeur afin de réduire les angles morts propres aux humains, qui ne disposent ni de la puissance de calcul ni du temps requis pour effectuer de telles analyses fondées sur les trajectoires scolaires.

Deuxièmement, une fois l’analyse objective effectuée par la machine et interprétée par ceux qui connaissent bien l’élève, l’humain doit observer ce que Pasi Sahlberg appelle les « minidonnées ». Contrairement à l’économie, le système éducatif repose sur des éléments humains qui exigent de maximiser les traits relationnels pour bien saisir la réalité quotidienne des écoles. Au-delà des mégadonnées (Big Data), il y a les Small Data, ces données fortement contextualisées, issues des observations faites par le personnel scolaire auprès des élèves : une élève qui ne mange pas à sa faim, un autre affecté par une peine d’amour, une qui porte constamment les mêmes vêtements souillés, ou encore un élève qui ne se présente pas aux périodes de récupération. Ces informations, bien que cruciales, échappent aux algorithmes. Et si les IA permettent de réduire certains angles morts des équipes-écoles, elles possèdent elles-mêmes des zones d’ombre.

Les données sont disponibles, les IA les analysent et peuvent prédire des tendances. Toutefois, la prise de décisions éclairées, fondée sur l’objectivité des données, demeure une responsabilité humaine, dans une visée de réussite pour tous les élèves. L’humain mobilise alors son intuition, enrichie par les informations livrées par l’IA, pour confronter ce qu’il observe sur le terrain aux données analysées. C’est donc le grand retour du « pif » des membres des équipes-écoles, mais cette fois appuyé par des outils permettant de valider ce flair et de cibler précisément les interventions à effectuer. Le « comment » restera toujours entre les mains de l’humain, guidé par son autonomie professionnelle et son jugement éclairé.

L’intelligence artificielle en éducation ne rime donc pas avec déshumanisation, bien au contraire ! Il s’agit d’une cohabitation harmonieuse entre objectivité et subjectivité. Les données analysées par la machine permettent à l’humain de mettre en valeur son humanisme et d’influencer positivement la réussite scolaire. Le subjectif des acteurs de terrain trouve désormais un sens et une valeur : celle d’augmenter l’humain au bénéfice des citoyens de demain.

À propos de l'auteur(e)
Ça pourrait être vous!
Chaque histoire positive a le potentiel d'inspirer des centaines de personnes à innover pour améliorer la réussite éducative. L'École branchée est VOTRE média! Profitez de ses pages virtuelles pour mettre en valeur vos réalisations tout en alimentant la veille professionnelle de vos collègues, d'ici et d'ailleurs. Allez-y, proposez un texte! >
NOS ANNONCEURS ET PARTENAIRES :
PROPAGER VIA :
À lire aussi
Report du 14e Sommet du numérique en éducation

Communiqué – C’est avec regret que l’équipe du Sommet du numérique en éducation annonce que la 14ᵉ édition, initialement prévue les 7 et 8 mai 2026, sera reportée. Cette décision difficile s’inscrit dans un contexte de compressions budgétaires dans le secteur de l’éducation.

Lire la suite
L’IA peut-elle nous dispenser de l’effort d’apprendre ?

Que signifie apprendre dans un monde où l’intelligence artificielle peut rédiger un texte, résoudre un problème ou générer une image en quelques secondes ? L’irruption de nouveaux outils invite à se pencher sur la place de l’effort dans l’apprentissage et à discerner différents niveaux de recours à l’IA. La professeure Margarida Romero propose son modèle comme guide.

Lire la suite
🔒 Transforming School Culture Through a Pedagogy of Well-Being

Schools are complex ecosystems that evolve alongside societal challenges, making well-being a shared responsibility. In this article, discover how Nancy Goyette, full professor, and Coralie Beaumont, master’s student in educational psychology at Université du Québec à Trois-Rivières, examine how the educational psychology of well-being and the PERMA+4 model can address difficult working conditions, support collective mental health, and guide meaningful cultural change in school communities.

Ce contenu est réservé aux personnes et institutions abonnées.

Lire la suite
Commentaires, reproduction des textes et usage de l'intelligence artificielle

Pour commenter un article et y ajouter vos idées, nous vous invitons à nous suivre sur les réseaux sociaux. Tous les articles y sont publiés et il est aussi possible de commenter directement sur FacebookX, Instagram, Bluesky ou LinkedIn.

Sauf dans les cas où la licence est expressément indiquée, il n’est pas permis de reproduire les articles de l’École branchée. Toute demande de reproduction doit être adressée directement à l’organisme.

Dans son processus éditorial, notre équipe fait appel à des technologies intégrant l’intelligence artificielle pour améliorer les textes, entre autres par la reformulation de passages, la révision linguistique, la traduction et la synthèse des idées. Tous les textes sont révisés par des humains avant leur publication.

Connectez-vous!