Par Myriam Demers-Asselin
Enseignante de français de 1re secondaire au collège Beaubois
J’enseigne le français au secondaire et j’évalue les compétences de mes jeunes de diverses façons. J’innove quand je le peux et lorsque c’est pertinent de le faire. Toutefois, il y a de ces évaluations qu’on peut difficilement délaisser, comme la fameuse production écrite. Tout enseignant de français reconnait tout le travail de préparation et de correction qu’entraine cette situation d’écriture. Est-il possible que la préparation pour cet examen soit moins éreintante, plus efficiente et… plus ludique? Oui! Comment? En écrivant sur les murs de la classe!
À chaque année, invariablement, et quelques fois par année pour certains enseignants un peu zélés comme moi, arrive le temps de faire rédiger un long texte à nos élèves. Quoi de mieux qu’un bon vieux « formatif d’écriture » afin de les préparer à cette épreuve? Bien entendu, ceci exige de l’enseignant qu’il corrige d’abord un texte avant d’en corriger un autre. La charge de travail est colossale! En plus, bien souvent, les élèves qui reçoivent le formatif annoté et corrigé, peut-être parce qu’ils sont découragés par les remarques ou parce qu’ils n’y voient pas trop d’intérêt, n’y accordent pas autant d’importance qu’on le souhaiterait.
Le logiciel Google Documents, qui permet aux élèves de travailler en collaboration en temps réel et à l’enseignant d’interagir avec ceux-ci, m’a inspirée. En fait, puisque mes élèves n’ont pas leur propre appareil numérique, j’ai décidé de transformer les murs de ma classe en travail collaboratif, ce qui me permet par le fait même de corriger instantanément les erreurs de mes élèves et d’y aller d’explications, d’exemples, etc. La rétroaction est immédiate! Au fond, ma classe devient un gros document Google.
L’idée est simple : former des équipes où chaque élève a une partie d’un texte à écrire sur les murs de la classe tapissés de papier en respectant mes contraintes d’écriture. Au final, le texte doit être cohérent et respecter les consignes données. Cette écriture collaborative génère nécessairement des échanges et des questionnements au sein des équipes, et les élèves mettent en commun leurs connaissances pour trouver réponses à leurs interrogations. L’entraide s’est avérée fort efficace lors de la réalisation du projet. Et pourquoi rédiger les textes sur les murs? Pour que je puisse voir d’un coup d’œil ce que mes élèves écrivent. L’enseignant circule d’une équipe à l’autre, toujours prêt à intervenir.
Beaucoup moins austère que la rédaction individuelle d’un texte parfois destiné à être marqué d’encre rouge, l’écriture collaborative, sur les murs de la classe de surcroît, s’est révélée considérablement motivante. Les jeunes, inspirés, se sont mis au travail sans hésiter, et des questions pertinentes venaient sans cesse. Une fois satisfaits du résultat, les coéquipiers ont mis en commun leurs textes pour en arriver à la version finale, et chaque équipe a fièrement fait la lecture de son texte à la classe.
Le désir d’améliorer notre pratique d’enseignant mène souvent à des idées qu’il vaut la peine de concrétiser. Il ne faut pas avoir peur d’essayer de nouvelles choses et il ne faut pas se mettre des barrières. Oui, on peut se tromper, mais il n’y qu’une seule façon de savoir si une idée en est une bonne. Volez des idées, inspirez-vous-en et adaptez votre classe de manière à concevoir des situations d’apprentissage stimulantes.