ANNONCE
L'École branchée, un organisme à but non lucratif
ANNONCE

Être bilingue : pas un avantage du point de vue des fonctions cognitives, selon une nouvelle recherche

L’Association for Psychological Science (APS) publiait recemment les résultats d’une recherche sur le bilinguisme menée par des chercheurs de l’Université Western Ontario. Cette étude démontre que le bilinguisme ne présente pas d’avantages cognitifs significatifs.
Temps de lecture estimé : 5 minutes
PARTAGER VIA :

Table des matières

L’Association for Psychological Science (APS) publiait recemment les résultats d’une recherche sur le bilinguisme menée par des chercheurs de l’Université Western Ontario. Cette étude démontre que le bilinguisme ne présente pas d’avantages cognitifs significatifs.

On conviendra qu’être bilingue permet aux gens de multiples possibilités. Entre autres, il est plus facile de se trouver un emploi et de le pratiquer. Parler une autre langue pour voyager dans d’autres pays est aussi très utile. Socialement, les personnes bilingues peuvent multiplier leurs interactions avec les autres (amis, clients, collègues…).  Être bilingue élargit l’accès à l’information, au loisir, au divertissement. 

On peut aussi supposer que le bilinguisme ou le plurilinguisme offre des avantages cognitifs. Les fonctions exécutives des gens bilingues seraient-elles plus efficaces? Les liens cérébraux des jeunes ayant un trouble de l’attention seraient-ils plus fluides en apprenant une deuxième langue? Le bilinguisme pourrait-il avoir un effet de protection cognitive en vieillissant et retarder ou combattre certains dysfonctionnements du cerveau (la démence, par exemple)?

Une équipe de chercheurs de l’Université Western Ontario s’est penchée sur ces suppositions. Ils ont remarqué que les études précédentes sur le lien entre le bilinguisme et les fonctions cognitives démontraient différents résultats. Elles se contredisaient souvent ou bien leur validité était remise en question. Basées parfois sur de petits échantillonnages, ces recherches auraient été biaisées par des facteurs qui influencent les données, tels que la situation socioéconomique, la provenance géographique des sujets et leur éducation. Ils ont aussi remarqué que les études soutenant la théorie des avantages du bilinguisme étaient plus susceptibles d’être publiées en articles complets que celles qui concluaient à l’hypothèse nulle ou à l’avantage aux gens monolingues, ce qui remet en doute la validité de ces publications.

Une étude menée auprès de plus de 11 000 volontaires

L’équipe ontarienne a donc procédé à une nouvelle étude en basant sa recherche sur 11 041 participants âgés entre 18 et 87 ans. Pour réussir à obtenir autant de participants, l’étude a été faite en ligne. Selon les chercheurs, Internet offre une belle occasion d’examiner la relation entre le bilinguisme et les fonctions exécutives dans la population en général. Le large éventail de participants présentait une variété de facteurs sociodémographiques nécessaires à l’étude (langues parlées, situation socioéconomique, pays de naissance, éducation, etc.).

L’analyse a permis de comparer un échantillonnage de sujets présentant des portraits similaires (ou appariés), mais séparés en deux sous-groupes, l’un étant monolingue et l’autre, bilingue. Un autre échantillon étudié présentait des facteurs plus aléatoires pour les deux sous-groupes linguistiques. C’est à l’aide des réponses aux questions sociodémographiques que l’équipe a pu classer les sujets.

Les participants avaient ensuite à compléter 12 tâches cognitives dont les données étaient recueillies par la plateforme en ligne Cambridge Brain Sciences. Ces tâches permettaient d’évaluer l’inhibition, les fonctions exécutives, l’attention sélective, le raisonnement, la mémoire à court terme verbale, la mémoire de travail spatiale, la planification, la flexibilité cognitive. Chacune de ces tâches était analysée à partir de trois facteurs : le raisonnement, les habiletés verbales et la mémoire.

L’aide précieuse d’outils technologiques pour l’analyse de grands échantillons 

Grâce aux outils technologiques disponibles aujourd’hui, l’analyse de résultats d’un grand échantillonnage est envisageable. Calculer les résultats des douze tests en tenant compte des trois facteurs et des situations sociodémographiques de chacun des 11 041 participants est un travail beaucoup trop colossal pour cinq chercheurs. Toutefois, quand l’ordinateur recueille les données, les pousse dans les calculs matriciels et crée les graphiques pour les analyser, l’étude à grande échelle devient possible. Ainsi, la validité de la recherche est aussi plus susceptible d’éliminer les erreurs. 

Une étude de type observationnelle

Il est à noter, cependant, que l’étude est dite observationelle puisque les données ont été recueillies auprès de volontaires qui se sont auto-sélectionnés et n’ont pas été assignés au hasard à des groupes. L’approche de cette recherche était d’examiner la relation statistique complexe entre la performance aux tâches cognitives et les changements de l’activité cérébrale afin de saisir leurs influences mutuelles.

Suite à l’analyse des données, le groupe de chercheurs conclut que les résultats aux douze tâches cognitives ne montrent pas d’écarts significatifs entre les gens bilingues et ceux qui sont monolingues. Partout où les résultats diffèrent, l’écart est très mince, même pour le facteur de l’âge, et demeurent négligeables. L’hypothèse nulle de l’avantage cognitif pour les gens bilingues est donc révélée par cette étude.

Malgré le fait qu’être bilingue n’est pas un avantage pour les fonctions cérébrales, les bénéfices sociaux et personnels à parler deux ou plusieurs langues sont, et resteront toujours, considérables. 

Consultez l’article complet.  

À propos de l'auteur(e)
Ça pourrait être vous!
Chaque histoire positive a le potentiel d'inspirer des centaines de personnes à innover pour améliorer la réussite éducative. L'École branchée est VOTRE média! Profitez de ses pages virtuelles pour mettre en valeur vos réalisations tout en alimentant la veille professionnelle de vos collègues, d'ici et d'ailleurs. Allez-y, proposez un texte! >
NOS ANNONCEURS ET PARTENAIRES :
PROPAGER VIA :
À lire aussi
 L’impact du développement professionnel à l’ère du numérique sur la réussite éducative

Dans ses récentes publications, l’UNESCO met en lumière le rôle fondamental du développement professionnel (DP) continu pour accompagner les enseignants dans les transformations profondes de l’éducation. En fait, le DP continu est considéré comme essentiel pour garantir une éducation de qualité pour tous. Dans ce dossier, nous présentons les effets du développement professionnel sur les professionnels de l’éducation et sur les élèves, en plus de présenter des pratiques efficaces et des conditions de succès. Finalement, nous abordons de quatre types de défis et obstacles rencontrés. 

Ce contenu est réservé aux personnes et institutions abonnées.

Lire la suite
Écrans et santé des jeunes : des recommandations ciblées pour le milieu scolaire

La Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes (CSESJ) a rendu public son rapport final à la fin mai 2025. Celui-ci propose une série de recommandations afin de mieux encadrer l’usage des écrans et de soutenir la santé mentale et le développement global des élèves. Voici un aperçu des mesures à l’intention du milieu scolaire.

Lire la suite
Coupures au RÉCIT : un pan de l’expertise numérique québécoise va-t-il disparaître?

Des compressions budgétaires majeures contraignent le Centre de services scolaire de Montréal à mettre fin à l’hébergement de services nationaux du RÉCIT, dont celui de l’Inclusion et de l’adaptation scolaire et celui du Préscolaire, qui se retrouvent ainsi « orphelins ». Le réseau scolaire québécois perdra-t-il cette expertise dédiée à l’accompagnement des élèves les plus vulnérables?

Lire la suite
Commentaires, reproduction des textes et usage de l'intelligence artificielle

Pour commenter un article et y ajouter vos idées, nous vous invitons à nous suivre sur les réseaux sociaux. Tous les articles y sont publiés et il est aussi possible de commenter directement sur FacebookX, Instagram, Bluesky ou LinkedIn.

Sauf dans les cas où la licence est expressément indiquée, il n’est pas permis de reproduire les articles de l’École branchée. Toute demande de reproduction doit être adressée directement à l’organisme.

Dans son processus éditorial, notre équipe fait appel à des technologies intégrant l’intelligence artificielle pour améliorer les textes, entre autres par la reformulation de passages, la révision linguistique, la traduction et la synthèse des idées. Tous les textes sont révisés par des humains avant leur publication.

Recevez l'infolettre Hebdo