De fait, Alloprof accueille chaque année 550 000 élèves, dont seulement 10 000 par téléphone, signe que les temps ont bien changé (au départ, en 1996, le service était exclusivement par téléphone). « Ces jeunes n’ont aucune obligation d’utiliser la plateforme, ce qui témoigne de leur volonté d’apprendre et de leur capacité à utiliser les outils numériques à bon escient », ont fait valoir les deux intervenants.
Fait intéressant : 40 % des consultations ont lieu pendant le jour, ce qui souligne l’utilité du service même en salle de classe.
Distinguer le numérique éducatif du récréatif
Sandrine Faust et Marc-Antoine Tanguay ont insisté sur la nécessité de différencier les usages éducatifs et récréatifs des écrans. S’ils reconnaissent les défis liés à l’omniprésence du numérique, ils ont mis en avant certains bénéfices, notamment la richesse de l’information qu’il est possible de transmettre. Par exemple, les vidéos et autres outils interactifs sont d’excellents moyens de faciliter la compréhension de concepts complexes, particulièrement en sciences et en mathématiques. Ces contenus sont d’ailleurs parmi les plus populaires sur le site d’Alloprof.
« Malgré les années qui passent, les principales difficultés rencontrées par les élèves demeurent les mêmes, les questions les plus fréquentes se ressemblent année après année. Le participe passé demeure difficile, de même que les apprentissages de base en algèbre », a fait remarquer Marc-Antoine.
Selon lui, l’intelligence artificielle (IA) aurait le potentiel d’aider les élèves à surmonter certaines difficultés d’apprentissage; en repérant par exemple les erreurs récurrentes et en proposant des solutions adaptées. Toutefois, il ne recommande pas de laisser les élèves utiliser des outils d’IA sans sensibilisation au préalable. En ce qui concerne l’IA, il faut éviter la tentation du copier-coller passif qui nuirait à l’engagement des élèves. « Il faut développer des mécanismes qui les aident à apprendre pour vrai. Le jour de l’examen, ils sont seuls devant leur copie. Et nous voulons qu’ils réussissent. »
Néanmoins, les technologies ont définitivement leur place à l’école et leurs bienfaits ont été documentés. « L’école ne doit pas être en déphasage avec le reste de la société. Elle devrait être un chef de file [en matière de technologie] et une inspiration pour les jeunes », a plaidé Marc-Antoine Tanguay, soulignant ainsi l’importance d’une intégration réfléchie des nouvelles technologies en milieu scolaire.
Soutenir enseignants et parents
Comme d’autres intervenants l’avaient fait avant eux, ils ont rappelé le rôle que l’école doit jouer pour aider les jeunes à développer leur compétence numérique, une compétence qui sera de plus en plus nécessaire dans notre société et qui est encore développée à géométrie variable selon les milieux. Ils ont aussi mentionné la nécessité d’avoir une progression des apprentissages en compétence numérique pour éviter les inégalités.
Finalement, ils ont souligné que le personnel enseignant doit avoir accès à davantage de formation et de ressources sur les meilleures pratiques d’intégration du numérique. Les parents doivent aussi être outillés pour accompagner leurs enfants dans un usage responsable des écrans.
En complément : Alloprof plaide pour l’usage des écrans à des fins pédagogiques en classe (Le Devoir)
Au sujet de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes (CSESJ)
L’Assemblée nationale du Québec a créé cette commission parlementaire le 6 juin 2024 pour étudier les enjeux liés, entre autres, au temps que les jeunes consacrent aux écrans, aux mesures d’encadrement de ces derniers, notamment à l’école et sur le Web et à la cyberintimidation, y compris le partage de matériel sexuellement explicite.
- Consultez la liste des organisations qui ont témoigné sur cette autre page.
- Il est également possible de visionner les séances passées sur le site.
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