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Comment vont les jeunes? Un portrait préoccupant des adolescents québécois

« Les adolescents québécois vont moyen. » C’est le constat fait par les Partenaires pour la réussite éducative en Chaudière-Appalaches (PRÉCA). Bien que certaines données soient encourageantes, les jeunes n’ont jamais autant souffert d’anxiété et de démotivation scolaire. L’organisme rappelle donc l’importance pour les adultes de se soucier de leur bien-être et de leur offrir un « filet de protection ».
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Table des matières

« Soutenir les jeunes pour favoriser leur bien-être est un processus de longue haleine qui ne sera jamais terminé. Plus que jamais, nous avons besoin de la participation de tous les acteurs de la communauté », a soutenu Ariane Cyr, directrice générale de PRÉCA, lors de l’événement « Espace de partage : Comment vont les jeunes? Focus sur les adolescents », qui s’est tenu dans le cadre des Journées de la persévérance scolaire. Elle a mentionné que l’environnement social et familial des jeunes s’est profondément transformé dans les dernières décennies et que la pandémie accentuée des phénomènes déjà présents chez les jeunes.

L’événement a permis de dresser un état des lieux de la situation des jeunes en Chaudière-Appalaches, notamment en matière de santé mentale, de persévérance scolaire et d’expérience de travail. Pour chaque donnée régionale présentée, la donnée provinciale était aussi présentée, confirmant que les jeunes de Chaudière-Appalaches présentent une situation similaire à celle des autres jeunes québécois.

Les données proviennent en grande partie de l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire (EQSJS) 2022-2023, qui brosse un portrait détaillé de la réalité des élèves du secondaire à travers la province. Publiée en décembre 2024, elle contient les premières statistiques au sujet des jeunes québécois depuis 2017. 

Le document de la présentation est disponible sur le site de PRÉCA.

Une relation complexe avec l’école

Les données de l’enquête indiquent que la relation que les jeunes entretiennent avec leurs milieux scolaires se complexifie. Ainsi, on observe : 

  • 45 % des jeunes québécois ont la perception que leur expérience d’apprentissage s’est détériorée à la suite de la pandémie. Cette perception est plus grande chez les filles (48 %) que chez les garçons (38 %). Elle est aussi plus grande chez les élèves de 4e et 5e secondaire.
  • 24 % des élèves de 1re secondaire ont un niveau faible d’engagement scolaire. En 2010, cette donnée était de 15 %. 
  • Environ 25 % des jeunes présentent un faible attrait pour l’école. Ce taux est inférieur à ce qu’il était avant la pandémie. Il existe un grand écart entre les écarts entre les écoles secondaires publiques (28 %) et privées (19 %).
  • Le retard à l’entrée au secondaire est en hausse pour la cohorte de 2015 (11,6 %) par rapport à celle de 2008 (9,8 %), tout particulièrement chez les garçons. Cette donnée est particulièrement inquiétante en Chaudière-Appalaches alors que les retards de la cohorte de 2015 touchent 14 % des jeunes, dont 17,9 % des garçons.

Persévérance scolaire : un défi toujours d’actualité malgré des améliorations

Parmi les bonnes nouvelles, on note néanmoins une stabilité dans le taux de sortie de l’école sans diplôme ni qualification (13,8 % des jeunes québécois en 2021). De plus, le taux de diplomation des garçons est en hausse constante depuis le début des années 2000, même s’il demeure inférieur à celui des filles. Quant à lui, le taux de diplomation des filles stagne. 

Le risque de décrochage scolaire est aussi en baisse. Il était de 24 % en 2010 et il est maintenant de 18 %. Néanmoins, les garçons (22 %) continuent d’être plus à risque que les filles (13 %). 

Par ailleurs, les jeunes sont de plus en plus nombreux à occuper un emploi pendant l’année scolaire. Ce n’est pas tant le fait de travailler qui pose problème, mais plutôt le nombre d’heures consacrées à cet emploi. Les experts présents à l’événement ont souligné que plus les jeunes travaillent un nombre d’heures élevées, plus ils sont à risque de décrocher. Le travail hors des heures scolaires serait bénéfique jusqu’à environ 15 heures par semaine; autrement, il nuit au bien-être et aux performances scolaires. 

Chaudière-AppalachesQuébec
Taux de diplomation de la cohorte de 2015 – 5 ans78,2 %74,5 %
Taux de diplomation de la cohorte de 2015 – 7 ans85,2 %82,1 %
Accès aux études collégiales (filles)81,1 %76,9 %
Accès aux études collégiales (garçons)54,7 %58 %
Accès à la formation professionnelle (filles)12,3 %8,3 %
Accès à la formation professionnelle (garçons)28,1 %18 %
Accès à l’éducation aux adultes (filles)15,3 %14,9 %
Accès à l’éducation aux adultes (garçons)23,3 %20,3 %

Un filet social en diminution

L’un des constats les plus alarmants concerne la diminution des facteurs de protection dans l’environnement des jeunes. Ces facteurs sont scolaires, familiaux, communautaires et amicaux, comme le soutien social, la participation active dans son milieu, les relations interpersonnelles. Ils font en sorte que les jeunes tissent des liens, se sentent bien et peuvent plus facilement s’épanouir.

Selon Liliana Romero, directrice de santé publique au Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches, seulement 47 % des jeunes bénéficient d’un fort filet social, contre 55 % en 2017. « Cette baisse a un impact direct sur le bien-être et la réussite scolaire des jeunes. Elle doit nous préoccuper », assure-t-elle. 

Cela est d’autant plus vrai que plus le niveau de soutien social est faible, plus les jeunes sont à risque de décrocher. Par ailleurs, le rôle déterminant des parents est encore une fois documenté dans l’Enquête : un faible soutien familial, une faible supervision familiale, une situation financière précaire et une faible scolarisation des parents augmente le risque de décrochage scolaire.

De son côté, Catherine Marcoux, agente de planification en santé des jeunes, a souligné que « la santé mentale des adolescents est préoccupante : les aptitudes interpersonnelles des jeunes diminuent, l’estime de soi est en baisse, l’anxiété modérée à sévère touche un jeune sur trois ». 

Cela est particulièrement préoccupant chez les filles qui sont plus nombreuses à avoir une faible estime d’elle-même et qui souffrent davantage d’anxiété modérée à sévère (51 % des jeunes québécoises), contre 18 % des garçons. Les troubles anxieux persistants sont présents chez 28 % des filles, contre 11 % des garçons. « Les filles vont de moins en moins bien. L’écart est énorme entre les deux sexes au sujet de l’anxiété. Cela mérite que nous portions une attention particulière à cette donnée », a fait valoir Mme Marcoux.

Devant la santé mentale fragile des jeunes, il n’est pas surprenant, selon les spécialistes présents, que la violence en milieu scolaire ou sur le chemin de l’école ait connu une augmentation depuis 2016-2017. En 2022-2023, 39 % des jeunes québécois avaient vécu de la violence.

Des pistes d’action pour mieux soutenir les jeunes

Face à ces constats, les intervenants présents ont insisté sur l’importance de mener des actions concertées en impliquant l’école, la famille et la communauté. Parmi les recommandations émises figurent le développement de la littératie numérique, l’intégration d’ateliers éducatifs pour aider les jeunes à mieux gérer leur temps et leurs émotions, ainsi qu’un meilleur accès aux services de santé mentale. Il a également été question de fournir des trousses d’information aux parents, qui, selon les spécialistes, ne sont pas toujours conscients des enjeux auxquels leurs enfants font face.

« Les données sont nécessaires, car elles permettent de mieux comprendre la situation et peuvent conduire à mettre en place des mesures plus adéquates. Dans tous les cas, la collaboration est importante », a fait valoir Liliana Romero.

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