Par Nancie Giroud
L’importance d’enseigner l’univers social
Les disciplines de l’univers social donnent les outils conceptuels nécessaires pour comprendre, s’intégrer et contribuer à façonner notre monde. Avec une société de plus en plus complexe, il est nécessaire d’identifier et de comprendre ses mécanismes, ses enjeux ainsi que ses changements.
Les défis
Bien que l’univers social soit composé de plusieurs disciplines, plusieurs défis peuvent s’insérer dans son enseignement. Virginie Noël, conseillère pédagogique en univers social au Centre de services scolaire de Montréal, a mentionné ceux-ci :
- Disparité des connaissances : elles sont différentes d’une année à l’autre.
- Piste de solution : Travailler et construire les concepts communs ou préalables
- Hyper-informations : il y a beaucoup de lecture de documents et de sources.
- Piste de solution : Travailler l’analyse critique des sources
- Vocabulaire : le vocabulaire disciplinaire est difficile à maîtriser pour certains,
- Piste de solution : Enseigner de façon à soutenir le vocabulaire
- Engagement : l’engagement et la motivation des élèves est à géométrie variable,
- Piste de solution : Engager les élèves dans une démarche d’enquête
La force du réseau
Échanger, partager, collaborer et réseauter sont des atouts majeurs pour développer de nouvelles pratiques pédagogiques ainsi que pour mettre en place d’activités innovantes et créatives.
Pour les élèves, il s’agit d’une occasion de mettre en commun leurs conceptions initiales, de les partager, de découvrir le point de vue des autres, en plus de rencontrer des experts et de comparer leur réalité.
Voici un exemple donné par Manon LeBel, conseillère pédagogique au service local du RÉCIT du Centre de services scolaire de Montréal et porteuse de dossier pour l’ÉER, lors de la conférence : « Prenons des élèves qui sont en zone rurale versus d’autres qui sont en zone urbaine. Lors d’une activité de construction de concept du territoire au primaire en réseau, les élèves devaient illustrer leur conception initiale de ce que signifie un territoire sous forme de dessin, puis le partager avec les autres sur un mur collaboratif Padlet. Les élèves qui venaient de Montréal avaient des dessins représentant le terme territoire par un dessin de drapeaux, de frontières, tandis que pour les élèves du Saguenay, les dessins représentaient des orignaux, des marécages et des forêts. »
La notion de territoire avait donc été comprise de deux façons : comme un territoire frontalier et comme un territoire de chasse. Les élèves des deux villes ont ainsi pu confronter leur point de vue.
Pour les enseignantes et enseignants, les avantages de réseauter permettent de s’initier à des nouvelles pratiques ou d’utiliser des nouvelles technologies sans avoir la pression de les maîtriser. À travers la programmation de l’ÉER, ils peuvent aussi bénéficier d’un accompagnement de personnes-ressources pour la mise en place d’une activité en classe.
Aborder des sujets sensibles : développer l’empathie historique
« L’empathie historique est un processus qui cherche à comprendre les pensées, les sentiments, les expériences, les décisions et les actions des personnes du passé dans des contextes historiques précis. » (Canadian Journal of Education, 2023).
Il n’est pas toujours facile d’aborder des sujets sensibles en classe. La collaboration et le réseautage peuvent devenir un bon atout pour faciliter les discussions, notamment pour contribuer à engager davantage les élèves. « La portée pédagogique est amplifiée lorsque les activités sont mises en œuvre de manière interdisciplinaire», ajoute Denise LeBlanc, conseillère pédagogique au Centre des services scolaire des Phares et conseillère pédagogique ressource à l’ÉER.
Au cours de la conférence, le thème de l’Holocauste a plus particulièrement été présenté puisqu’il fait l’objet d’activités dans le cadre de la programmation de l’ÉER, en partenariat avec le Musée de l’Holocauste de Montréal.
On trouve d’ailleurs, sur le site web du Musée, cinq conseils pour enseigner l’histoire de l’Holocauste aux élèves du primaire :
- Respecter la sensibilité et les compétences cognitives des élèves
- Utiliser des histoires personnelles pour, par exemple, humaniser l’histoire
- Offrir du contexte et une variété de supports comme des cartes et lignes du temps
- Permettre à vos élèves d’extérioriser leurs émotions
- Transmettre un message d’espoir et envisager un monde meilleur
Exemples d’activités abordant la Seconde Guerre mondiale et l’Holocauste
1- Le Coeur d’Auschwitz (primaire)
Présenté par Denise LeBlanc
Activité permettant d’aborder en classe le sujet de l’Holocauste dans une démarche réflexive et centrée sur le vivre ensemble, l’empathie, le dialogue et l’expression artistique. Elle est aussi en lien avec les objectifs éducatifs de géographie, histoire et éducation à la citoyenneté, en plus de toucher l’engagement de devoir de mémoire chez les élèves.
2- Jules et Jim, frères d’armes, la littérature jeunesse et l’univers social (primaire)
Présenté par Maude Labonté, conseillère pédagogique au service national du RÉCIT, domaine de l’univers social
Activité de démarche de recherche et d’analyse de documents historiques permettant aux élèves de s’interroger pour orienter leur lecture et leur recherche d’information et d’iconographie sur un sujet sensible comme la Seconde Guerre mondiale. Elle permet aux jeunes d’organiser leur recherche et utiliser des faits afin de répondre à une question de recherche en plus de produire une page d’album.
3- Développer son esprit critique face à l’IA (secondaire)
Présenté par Maude Labonté
Plus tôt, en 2024, l’activité a permis à des enseignants et enseignantes d’expérimenter ou de co-créer une tâche pour développer la pensée critique de l’élève face aux images générées par l’intelligence artificielle (IA). Les enseignants généraient des images et les présentaient aux élèves.
Pour l’année scolaire 2024-2025, l’activité s’adresse aux personnels enseignants et questionne comment l’IA transforme l’enseignement tel que sa littératie, les hypertrucages, ses enjeux éthiques et plus encore.
4- Empathie historique (secondaire)
Présenté par Mathieu Mercier, enseignant au secondaire au Centre de services scolaire de Kamouraska–Rivière-du-Loup
Activité permettant d’aborder la réalité sociale, la reconnaissance des libertés et des droits civiques en favorisant une démarche réflexive et en développant l’empathie historique des élèves à travers l’utilisation de bandes dessinées et de romans graphiques abordant des sujets sensibles en Histoire.
Pour en savoir plus
Écouter la conférence
La conférence faisait partie d’un bloc intitulé Collaborer pour apprendre : se réseauter dans les différentes disciplines/domaines du Programme de formation de l’école québécoise. Elle était animée par Manon LeBel, conseillère pédagogique au service local du RÉCIT du Centre de services scolaire de Montréal et porteuse de dossier de l’école en réseau (ÉER), accompagnée de ses coanimateurs : Virginie Noel, conseillère pédagogique en univers social au Centre de services scolaire de Montréal, Denise LeBlanc, conseillère pédagogique au Centre des services scolaire des Phares et conseillère pédagogique ressource à l’ÉER, Maude Labonté, conseillère pédagogique au service national du RÉCIT, domaine de l’univers social, et Mathieu Mercier, enseignant au secondaire au Centre de services scolaire Kamouraska-Rivière-du-Loup.
On peut voir ou revoir ici les ateliers présentés lors de cette journée et consulter les documents des présentations.
Badge événementiel
Les personnes participantes peuvent récupérer un badge événementiel pour attester de leur participation à ce 22ᵉ colloque de l’École en Réseau sur le site du CADRE21.