À l’école secondaire de Neufchâtel, au Centre de services scolaire de la Capitale à Québec, près d’une cinquantaine d’élèves ont débattu le 13 mai dernier de façon respectueuse, nuancée et engagée. Ce qu’ils ont exprimé mérite d’être entendu avec l’objectif d’adapter la mise en œuvre de l’interdiction des appareils numériques dans les écoles en tenant compte de leur réalité.
Ce que les jeunes ont dit…
Lors de cette rencontre, les élèves ont exprimé :
- Leur compréhension des bienfaits d’un encadrement plus strict.
- Leur désir d’avoir des zones d’appel pour rejoindre leurs parents sans devoir passer par le secrétariat.
- Leur attachement à la musique comme moyen de gérer l’anxiété avant un examen ou pendant les pauses.
- Le besoin d’espaces de détente ou de calme où ils peuvent décrocher en douceur, sans nécessairement socialiser.
- Leur crainte qu’une interdiction rigide n’efface pas les problèmes (comme la cyberintimidation), mais les déplace ailleurs, sans leur offrir plus de moyens pour les affronter.
Ils ont aussi posé des questions :
- Pourquoi les adultes garderaient-ils leurs appareils si c’est interdit pour les jeunes?
- Auront-ils des occasions d’en parler ou si tout leur sera simplement imposé?
- Comment pourront-ils rester impliqués dans les comités et activités s’ils perdent leurs moyens de communication?
La direction, présente lors du débat, s’est dite satisfaite de la qualité des échanges, soulignant le respect démontré par les élèves tout au long de la discussion. Elle a affirmé repartir avec des idées concrètes à explorer pour la mise en œuvre locale de la nouvelle mesure.
3 façons concrètes d’écouter les élèves dans votre école
1. Organiser un débat ou une assemblée étudiante encadrée
Offrir une tribune encadrée, comme un Parlement étudiant, où les jeunes peuvent débattre, poser des questions et proposer des solutions réalistes. Encadrée par des adultes bienveillants, cette activité peut désamorcer les tensions et renforcer l’esprit démocratique.
2. Créer un comité de mise en œuvre avec des élèves
Associer des représentants du conseil des élèves ou des groupes variés à la définition locale des modalités d’application (zones de répit, exceptions, messages à transmettre, etc.). Cela augmente l’adhésion et diminue la résistance.
3. Offrir des moyens d’expression anonymes et réguliers
Boîtes à idées, sondages numériques, mur d’expression… Ces outils permettent de recueillir les impressions des plus discrets et d’ajuster le tir au besoin, tout en montrant que leur opinion est prise au sérieux.
Pourquoi écouter les jeunes maintenant?
- Pour éviter une opposition frontale : Quand on impose sans expliquer, on génère du ressentiment. Quand on écoute, on suscite de l’engagement.
- Pour favoriser leur bien-être : Se sentir entendu est un facteur de protection en santé mentale. C’est aussi un levier d’engagement scolaire.
- Pour développer leur citoyenneté : Discuter d’un règlement collectif, c’est apprendre à vivre en société. C’est former des citoyens responsables.
- Pour bâtir la cohérence école-famille : Les jeunes sont pris entre des règles à la maison, des codes sociaux d’usages des réseaux et des interdits à l’école. Leur offrir un espace pour comprendre et discuter, c’est les aider à naviguer dans cette complexité.
En tendant l’oreille aux préoccupations et aux idées des jeunes, les milieux scolaires, en particulier les conseils d’établissement, se dotent de leviers concrets pour réfléchir collectivement aux meilleures façons d’accompagner les élèves dans une transition saine, durable et porteuse de sens.
Une mesure nationale, une mise en œuvre locale… à co-construire
La mesure annoncée est claire. Mais chaque milieu a ses défis, ses contextes, ses possibilités. Écouter les élèves ne signifie pas tout leur accorder. Cela signifie leur permettre de contribuer à la construction de leur environnement scolaire, un milieu de vie dans lequel ils se sentent bien, respectés et impliqués.
L’interdiction du téléphone cellulaire peut être un tournant bénéfique, si elle devient aussi un moment d’éducation, de dialogue et de co-responsabilité.