La Barak@TIC est une initiative destinée à promouvoir les compétences numériques et l’innovation technologique. Elle propose des ateliers et des conférences en ligne qui se veulent accessibles au plus grand nombre d’enseignants. Pour plus de détails, vous pouvez visiter le site de l’édition 2024 de l’événement ici.
Lors de la première journée, nous avons participé à trois activités. Voici quelques notes à propos de ce que nous avons retenu.
La charte graphique pédagogique
Tout d’abord, le premier atelier auquel nous avons assisté avait comme sujet l’intérêt d’avoir une image de marque pour sa classe, aussi utilisée par les élèves dans leurs travaux, afin de renforcer leur sentiment d’appartenance et de réduire la charge mentale associée au décodage des supports visuels d’enseignement. Ce premier atelier était animé par Mélanie Mouillard, technopédagogue pour Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE).
D’entrée de jeu, la charte graphique, cœur du sujet, a été définie comme un ensemble de directives régissant l’identité visuelle d’une entité. Ce document technique précise en effet les normes d’utilisation des logos, couleurs, typographies et autres éléments visuels. L’objectif est de garantir une cohérence visuelle qui renforce l’image de marque de l’organisation. Dans le cas qui nous concerne, il s’agit de se servir de ces grands principes visuels pour créer un véritable sentiment d’appartenance à une classe, voire une école!
L’animatrice a d’abord expliqué l’importance de choisir des éléments visuels qui reflètent les valeurs et les objectifs éducatifs. Selon elle, une identité visuelle bien définie aide à communiquer efficacement ces valeurs aux élèves et autres parties prenantes.
Elle a ensuite survolé les différents composants d’une charte graphique :
- Logos : Elle a expliqué les différents types de logos, tels que les monogrammes, les logotypes et les pictogrammes, et comment la forme et le style d’un logo peuvent influencer la perception de la marque.
- Typographie : L’importance de la lisibilité et de la cohérence typographique a été soulignée, avec une distinction entre les polices à empattement (serif) et sans empattement, ainsi que les écritures manuscrites et les polices mixtes.
- Couleurs : La signification et les associations psychologiques des couleurs ont été abordées, ainsi que les pièges à éviter en matière d’association de couleurs pour ne pas nuire à l’identité visuelle. Par exemple, le bleu représente le calme, la sérénité, la fraîcheur, la confiance, la clarté. Lorsqu’il y en a trop toutefois, cela peut se traduire par de la froideur et un manque d’émotion.
Appliquant ces principes à la pédagogie, Mélanie Mouillard a illustré comment une charte graphique bien conçue pour un cours peut focaliser l’attention sur le contenu, réduire les distractions pour les apprenants, notamment ceux ayant des troubles d’apprentissage, et renforcer leur sentiment d’appartenance ainsi que leur engagement.
Pour faciliter l’usage d’une charte graphique et son partage avec les élèves, l’animatrice recommande d’explorer les possibilités de Canva spécialement conçues à cet effet. Cette application permet de centraliser et d’appliquer facilement les éléments de la charte graphique aux projets créatifs. L’outil « Voix de marque » a également été recommandé pour assurer la cohérence textuelle avec l’identité visuelle.
Pour en savoir plus, on peut retrouver son support visuel ici.
L’inversion des tâches pour une pédagogie plus active
Toujours dans le cadre de l’événement Barak@TIC 2024, Marie Soulié, enseignante de français, formatrice et consultante en pédagogie active, a présenté un atelier sur l’accompagnement du changement de posture avec le numérique vers « une pédagogie de l’activité ». Son intervention a mis en exergue l’impact du numérique sur les pratiques pédagogiques, mettant en lumière comment il peut transformer l’apprentissage en une expérience plus active et captivante.
Marie Soulié a commencé par aborder la prédominance du numérique dans notre quotidien, proposant une classification originale des usages numériques basée sur leur impact sur la pédagogie. Elle a identifié trois niveaux :
- Faible impact : Utilisations telles que la communication, la gestion administrative et la veille pédagogique, influençant indirectement la pédagogie.
- Impact indirect : Préparation de cours, suivi des élèves et évaluation via des plateformes numériques, ayant une influence plus marquée, bien que toujours indirecte.
- Fort impact : Utilisation en classe pour des activités interactives, collaboratives et créatives, ayant un impact direct et notable sur la pédagogie, en favorisant l’activité et la participation des élèves.
L’enseignante a également présenté des indicateurs clés pour évaluer l’impact positif du numérique sur l’apprentissage :
- Gain de temps : Le numérique permet de concentrer le temps de classe sur des activités engageantes en déplaçant certaines tâches à la maison.
- Engagement accru : Les outils numériques captivants et une gestion de classe claire améliorent l’engagement des élèves.
- Sentiment de fierté : La production de travaux numériques de qualité augmente la fierté des élèves, renforçant ainsi l’ancrage des apprentissages.
Elle a mis en garde contre des écueils potentiels dans l’utilisation du numérique en classe, tels que la gestion du temps et la sélection judicieuse des outils, évitant la surabondance qui peut confondre et dérouter à la fois enseignants et élèves. L’impact de l’intelligence artificielle sur les méthodes d’évaluation a également été abordé, soulignant la nécessité de repenser les stratégies évaluatives pour s’assurer qu’elles demeurent pertinentes et efficaces.
Pour illustrer une application réussie de la pédagogie active soutenue par le numérique, Marie Soulié a expliqué son protocole de classe inversée, qu’elle désigne sous le terme « l’inversion des tâches ». Ce modèle inclut :
- Capsule vidéo : Visionnement à domicile pour introduire les thèmes du cours.
- Interaction en classe : Échanges initiaux pour discuter des impressions et questions suscitées par la vidéo.
- Construction des savoirs : Travail en groupe sur des activités de recherche et d’élaboration des connaissances.
- Mise en commun : Présentation des travaux de groupe et consolidation des conclusions.
- Production numérique : Création par les élèves de travaux numériques pour synthétiser et approfondir les apprentissages.
C’est donc une intéressante réflexion sur le rôle du numérique dans les pratiques pédagogiques modernes qu’a offert Marie Soulié. Elle a mis en avant les avantages et les défis associés à son intégration, plaidant pour une utilisation réfléchie et stratégique afin de maximiser les bénéfices pédagogiques.
On peut retrouver le support visuel de son atelier ici.
Esprit critique et changement de posture
Finalement, cette première journée de la Barak@TIC 2024 s’est conclue par une conférence intitulée « Esprit critique et changement de posture », prononcée par Monique Brodeur, présidente du Conseil supérieur de l’éducation du Québec, qui a abordé les multiples facettes de l’intégration du numérique en éducation. Son discours a exploré tant les défis que les opportunités, tout en soulignant la nécessité de demeurer technocritique pour mieux naviguer dans ce paysage en évolution.
Depuis plus de deux décennies, le numérique est au cœur des préoccupations éducatives, suivant le rythme rapide de l’évolution technologique et l’émergence de nouvelles capacités comme l’intelligence artificielle (IA) générative. Ces avancées nécessitent des adaptations continues du système éducatif pour répondre efficacement aux besoins changeants des élèves et de la société.
Monique Brodeur a mis en exergue l’importance de disposer d’un cadre solide pour la littératie numérique, soulignant la complexité des usages numériques à travers les multiples définitions et référentiels de compétences, notamment ceux proposés par l’UNESCO pour les enseignants et les élèves. Ces référentiels ciblent les compétences essentielles pour évoluer dans un monde où le numérique est omniprésent.
C’est pourquoi elle rappelle que l’éducation au numérique doit transcender la simple utilisation des technologies comme outils. Il s’agit aussi de développer une compréhension critique de leurs implications sur la société, de promouvoir un apprentissage actif et collaboratif, et de stimuler la créativité des élèves.
La conférence a également abordé les défis et le potentiel de l’IA générative, une technologie qui, tout en offrant des possibilités enrichissantes pour l’apprentissage, suscite des préoccupations liées au plagiat et à la réduction de l’effort intellectuel. Monique Brodeur a d’ailleurs recommandé une approche prudente, en insistant sur :
- L’alignement pédagogique : Assurer que l’usage de l’IA générative est en adéquation avec les objectifs éducatifs.
- La formation des enseignants : Fournir aux enseignants les ressources nécessaires pour comprendre et exploiter cette technologie de manière efficace.
Le développement de l’esprit critique : Encourager les élèves à être conscients des biais et des limites de l’IA, à vérifier les sources d’information et à exercer leur jugement critique.