(suite du dossier…)
Contrairement à ses camarades, Derrick Landry a l’autorisation d’apporter un ordinateur portable en classe. La précieuse machine contient des logiciels permettant à l’adolescent de surmonter ses troubles d’apprentissage. Il peut ainsi fréquenter un groupe régulier de deuxième secondaire. « Son ordinateur lui permet de faire grimper ses notes de 30 % à 70 %, témoigne sa mère, Marie-Josée Brunelle. Ça a changé sa vie. »
Les logiciels ne font pas le travail à sa place. Ils mettent certaines lettres en couleur et le forcent à se poser des questions durant la rédaction. D’ailleurs, pour être autorisée, une aide technologique ne doit pas être infaillible. C’est l’élève qui doit juger si une correction est justifiée ou non, explique-t-on sur le site du RÉCIT en adaptation scolaire. Les outils utilisés doivent également être bien choisis pour aider le jeune à progresser. Les besoins de l’enfant doivent d’abord avoir été bien évalués par une équipe multidisciplinaire. L’aide technologique idéale est déterminée au terme d’un long processus.
Des jeunes qui, comme Derrick, connaissent enfin le succès grâce à la technologie, il y en a beaucoup, assure Jean-Louis Tousignant, président du conseil d’administration de l’Association québécoise des troubles d’apprentissage (AQETA). Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à accéder aux études supérieures. Quelque 947 étudiants ont fréquenté l’université pour l’année 2011-2012 malgré leur dyslexie, leur dysorthographie ou leur dyscalculie. C’est 400 de plus qu’il y a cinq ans, selon l’Association québécoise interuniversitaire des conseillers aux étudiants en situation de handicap.
La technologie est très utile pour aider les enfants en difficulté, et pas uniquement ceux ayant des troubles d’apprentissage, note de son côté la Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l’information et des communications en éducation. Elle cite le cas de la Commission scolaire Eastern Township. Après avoir fourni des ordinateurs portables à tous les élèves, le taux de décrochage est passé de 42 % à 22 %. Ses recherches ont montré un impact positif sur la motivation et la qualité du français. Afin d’obtenir un résultat significatif, les jeunes doivent toutefois avoir accès à cet outil régulièrement. « Ce n’est pas en donnant une canne à quelqu’un une fois par semaine qu’on va lui apprendre à marcher », illustre l’équipe de la Chaire.
Mettre des mots sur les maux
Plusieurs experts adoptent une définition assez large des troubles d’apprentissage. Ils y englobent tous les troubles ayant un impact négatif sur les apprentissages. Pour l’AQETA, ils concernent spécifiquement la lecture, l’écriture et les mathématiques. Ils sont d’origine neurologique et sont permanents. Ils ne sont pas liés à une déficience intellectuelle, à un problème d’ouïe ou de vue ou encore à un manque de stimulation.
Selon l’organisme, il y en a trois.
– La dyslexie, un trouble touchant l’apprentissage de la lecture. La personne dyslexique a de la difficulté à décoder les mots écrits.
– La dysorthographie, soit un trouble lié à l’apprentissage de l’orthographe. La plupart des jeunes dyslexiques sont aussi dysorthographiques.
– La dyscalculie, un trouble relatif à l’apprentissage du calcul et à la capacité à manier les nombres.
D’autres troubles peuvent toutefois aussi nuire aux apprentissages.
– La dyspraxie est une altération de la capacité à exécuter des mouvements de façon automatique. Autrement dit, la personne atteinte doit contrôler consciemment chaque mouvement nécessaire pour tracer une lettre, par exemple.
– La dysphasie est un trouble qui affecte l’expression et la compréhension du langage.
– Le déficit d’attention, comme son nom l’indique, est une difficulté à maintenir son attention. Le jeune sera souvent qualifié de lunatique. S’il a aussi une hyperactivité, l’élève aura alors un grand besoin de bouger et va déranger ses camarades. Plusieurs dyslexiques ont également un déficit d’attention.
(Sources : Isabelle Boutin, orthopédagogue chez Parcours d’enfants et le livre Dyslexie et autres maux d’école, de Marie-Claude Béliveau)
SOMMAIRE DU DOSSIER :
Introduction
1. Connaître enfin le succès grâce à la technologie
2. Des TIC pour aider les élèves ayant des troubles d’apprentissage : une injustice pour les autres?
3. Technologies d’aide aux troubles d’apprentissage : le défi technopédagogique des enseignants
4. Numériser son matériel traditionnel : guide de survie
5. Déploiement d’aides technologiques : des changements à prévoir dans la classe
6. Technologies d’aide et évaluation ministérielle
Conclusion