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par Hélène Jeandel
« S’asseoir, ça fait déjà du bien »
Je suis infirmière scolaire. J’ai exercé mon métier dans une petite ville d’Alsace sur un secteur géographique comprenant un collège de sept cents élèves, trois écoles primaires (environ trois cents cinquante élèves chacune) et huit écoles maternelles et cela pendant vingt-sept ans.
J’ai toujours été passionnée par tout ce qui touche à la relation humaine. J’ai réalisé des milliers d’entretiens avec des jeunes en souffrance, des parents désemparés, des enseignants démunis…
Que certains ados du collège soient en souffrance, cela je le savais. J’avais été confrontée aux idées noires, aux troubles alimentaires, aux addictions, crises d’angoisse et scarification.
Mais dans les années 2000, quelle a été ma surprise de voir que les enfants de l’école primaire avaient eux aussi leur lot de souffrances et de problèmes. Je l’ai découvert lors d’une séance de prévention de la maltraitance que nous menions à l’époque en équipe médecin-infirmière dans les écoles dans toutes les classes du CP au CM2. Après avoir projeté un film dans la classe, nous avons proposé aux enfants qui le voulaient de venir nous rencontrer pour parler individuellement. A notre immense étonnement, les enfants sont venus nous voir parfois par classe entière, et ce, quels que soient l’école, le niveau et l’enseignant. Ils venaient nous parler de maltraitance, mais aussi de leurs difficultés scolaires, de leurs soucis relationnels avec des copains, de leur famille. Ils venaient aussi nous parler de leur santé. Parfois nous cherchions ensemble des solutions à leurs problèmes en nous faisant aider par leurs parents, le directeur ou leurs enseignants. L’enfant revenait pour nous dire : « ca a marché ! », « Je vais mieux ! » ou pour continuer à réfléchir à d’autres solutions. Nous nous sommes aperçues que les élèves avaient énormément de ressources en eux et nous avons été étonnées par leur maturité, par leur détermination, par leur sérieux lors des entretiens.
J’ai donc été confrontée au mal-être des élèves même très jeunes avec le constat qu’aucune structure n’existe dans les écoles primaires pour permettre aux enfants de parler de leurs problèmes, contrairement au collège où il existe des lieux et de nombreux interlocuteurs (conseiller principal d’éducation, enseignant, assistante sociale, infirmière…).
Il m’a paru indispensable, suivant en cela la proposition faite par Gabriel Cohn Bendit en 2013, de proposer l’instauration dans les écoles d’ « un moment, un sas psychique et anxiolytique , qui serait très efficace pour apaiser, déminer les peurs, installer la sécurité affective… »
La création de la « p’tite boite »
J’ai décidé de mettre en place une cellule d’écoute dans une des écoles primaires où je travaillais. L’objet de cet article est de présenter cette cellule que j’ai appelée la « p’tite boite » et que j’ai animée pendant cinq ans.
Ma rencontre avec un directeur d’école primaire très sensibilisé à la problématique des droits de l’enfant a été le déclencheur de mon expérimentation. Je lui ai proposé que son école mette en place une permanence que j’animerais tous les jeudis matin. Après avoir exposé mon projet et recueilli l’accord de l’équipe enseignante ainsi que des délégués de parents, j’ai expliqué aux enfants ce qu’était la « p’tite boite ». Les parents d’élèves ont également été informés du projet par courrier.
Une boite aux lettres a été mise à disposition des enfants pour qu’ils puissent y déposer un petit billet avec leur nom afin d’obtenir un rendez-vous. Une salle de l’école a été réservée pour les entretiens.
Voici des exemples de billets (j’ai gardé l’orthographe d’origine):
– J’ai un gros problème.
– J’ai envie de te rencontrer.
– Bonjour, je me san un peut triste .
– Très chère Elen, j’ai un petit problème.
– Problème de famille. Viens me chercher le plus tôt sera le mieux.
– J’ai besoin de vous.
– Depuis l’an dernier, j’ai des petits problèmes et j’ai besoin de conseils. Tu peux m’en donner ?
– Je souhaite te voir le plus vite possible. J’ai beaucoup de problèmes.
– Quand je veux dormir, je n’arrive pas.
– Tous les matins, je me sens triste.
– Cher iffermière, je voudrais vous voir.
– Bonjour, mon problème c’est la récréation.
– J’ai une personne qui m’embête, qui me tape. J’en ai vraiment assez, je voudrais que vous m’aidiez.
Les enfants se sont tout de suite approprié l’outil « p’tite boite » et ils ont montré qu’ils avaient un réel besoin de parler. Je recevais une dizaine d’enfants par matinée, certains revenant plusieurs semaines de suite. Trois thèmes principaux revenaient dans les entretiens : la famille, la santé et l’école. J’ai choisi pour chacun d’entre eux quelques phrases d’enfants ainsi qu’une histoire.
Le thème de la famille
– Tout le monde peut se disputer, papa et maman se disputent aussi. Il faut quand même se marier…
– J’ai peur pour mon frère, il dit des fois qu’il va sauter par la fenêtre…
– Mon père est à l’hôpital, je m’inquiète…
– Mes parents ne sont pas assez avec moi, j’aimerais passer plus de temps avec eux…
– J’aurai bientôt une petite sœur demain ou après-demain, mon père est parti ce matin en Bosnie.
– Mon père me frappe souvent avec la ceinture ou une sandalette sur les fesses. C’est tout le temps dans la tête d’avoir peur.
– Je voudrais vivre avec des parents qui tapent pas. Je crois que je devrai quitter la maison. Je suis déjà triste.
– Papa et maman, on dirait qu’ils ne m’aiment pas.
Le divorce des parents est un sujet souvent abordé à la « p’tite boite ».
Jérôme, 8 ans, s’installe et commence à dessiner son chien. Il en parle pendant cinq minutes puis dit sans transition, en regardant toujours sa feuille :
– Tu sais mon papa il aime plus ma maman.
Nous continuons de parler, Jérôme colorie le chien qui n’est plus le sujet de notre discussion.
– Qui te l’a dit ?
– Ma maman, ils vont divorcer. Je vais changer de maison.
– Comment tu te sens avec ça ?
– J’ai peur de ne plus voir mon père. Il part dans le sud de la France. J’ai peur aussi que ce soit de ma faute.
– Tu as pu en parler à la maison de cette peur ?
– Non.
– Tu crois que tu pourrais essayer d’en parler ?
– Oui, à maman. En plus, j’arrive pas à me concentrer en classe et je me fais tout le temps gronder, j’aimerais que ma mère le dise au maitre.
– De cela aussi tu pourrais parler…
Il me dit qu’il voudrait que ses parents soient toujours ensemble et ne divorcent pas. Nous discutons autour des choses qui dépendent de nous ou pas. Il me raconte des bons souvenirs en famille et termine par cette phrase :
– Quand les parents se séparent, c’est dur pour les enfants.
Je lui renvoie que c’est un moment très difficile pour lui, que tout son quotidien est bouleversé. Je remarque que mes paroles de reconnaissance de sa situation l’apaisent et lui font du bien. Il parait moins crispé, plus détendu qu’au début de l’entretien. Sur une feuille, je dessine deux colonnes avec pour titre « – » et « + ». Jérôme dessine ce qu’il regrettera dans le futur, sa chambre, l’arbre de son jardin… et les choses positives pour l’avenir, un copain près duquel il va habiter, un ballon de foot car sa maman lui a promis de l’inscrire dans un club pour qu’il soit moins triste.
En terminant l’entretien je lui dis :
– Si tu es d’accord, tu essaies de parler à ta maman, si tu n’y arrives pas ce n’est pas grave, on se revoit la semaine prochaine. Si tu as d’autres peurs, on pourra en parler aussi, tu n’es plus seul avec ça. Je te remercie de ta confiance, d’être venu me parler.
Je le revois le jeudi suivant en entretien, il est beaucoup plus souriant. Il me dit qu’il a pu parler à ses deux parents. Son père lui a promis qu’ils se téléphoneraient et s’écriraient très souvent. Il me décrit son nouvel appartement. Il me dit qu’il pense moins au divorce en classe et qu’il arrive à mieux travailler. Il sait qu’il peut revenir me voir.
Le thème de la santé
– J’ai l’impression que je vois pas bien…
– Je suis trop grosse…
– Qu’est que c’est les règles ?
– Je voudrais parler à la classe de mon handicap.
– J’arrive jamais à m’endormir.
– Je fais pipi au lit, je veux pas aller en classe verte.
Christophe, 10 ans, va avoir un appareil dentaire, il vient m’en parler :
– J’ai peur que mes copains se moquent de moi, j’ai peur aussi d’avoir mal.
– Pour ta peur de la douleur, tu pourrais en parler à ton orthodontiste car il existe des médicaments pour te soulager au cas où. Pour les copains, on pourrait réfléchir ensemble à la réponse que tu pourrais donner à celui qui viendrait te faire une réflexion. Je te propose de jouer la scène. Si tu es d’accord, je jouerai le rôle du copain.
Nous nous levons et tout en riant, je commence à le montrer du doigt en lui disant :
– Ouh, il a un appareil dentaire !!!
Christophe trouve ses réponses :
-Quoi ? dit-il avec une voix très forte, tu n’as jamais vu un appareil dentaire de ta vie pour rire comme ça ?
ou bien :
– Ben oui, je suis Robocop !
ou encore :
– Eh oui ! Ça fait bizarre pour moi aussi !
En quittant la pièce Christophe était manifestement rassuré. Il est revenu quelque temps après pour me dire que ça allait, que personne ne lui avait fait de réflexions et qu’il avait pris un médicament antalgique pour ses dents les premiers jours.
Le thème de l’école et des copains
– J’ai le cœur brisé parce que je me suis disputée avec ma copine.
– Quand j’ai des soucis, je ne peux en parler qu’avec moi même…
– Je suis comme les autres mais un peu plus méchante.
– Je passe toute la récré aux toilettes tellement j’ai peur.
– J’ai peur de lui, j’ai peur d’être avec lui jusqu’au lycée. (un élève de CE2)
– J’ai très peur de la maitresse.
– Je n’arrive pas avec les mots, ils arrivent tout mélangés. Je ne sais pas lire…
– J’écris toutes les insultes que l’on me dit et vous me direz si c’est normal qu’on me traite comme ça…
Leila, 10 ans, s’assoit en me disant qu’elle a très peur.
– Mon copain Paul-Henri, il m’a dit qu’il veut se suicider, il a une corde dans sa chambre, me confie-t-elle.
Je lui dis:
– Je te remercie d’être venue et d’avoir eu le courage de venir parler de cela. Je vais parler à ton copain.
Face à cette urgence je prends l’initiative de chercher Paul-Henri dans sa classe.
– Bonjour Paul-Henri. Je t’ai demandé de venir parce que quelqu’un est très inquiet pour toi et m’a parlé du fait que tu aurais des idées de suicide.
– C’est Leila ?, me dit-il un peu bougon.
– Tu es peut-être un peu fâché car tu penses que ton amie a trahi un secret mais tu sais, moi, je le vois plutôt comme une preuve d’amour.
– Je crois que je suis l’enfant le plus triste du monde, me dit-il et il ajoute :
– Je pleure tous les soirs, je ne sais pas pourquoi.
Puis, un peu apaisé. Il me raconte son histoire.
– Ma tante est morte dans un accident de voiture, je pense que c’est de ma faute, que j’aurais pu empêcher l’accident. Je ne parle pas de ça à la maison car je ne veux pas faire pleurer ma mère.
Il ajoute :
– J’aimerais rejoindre ma tante au ciel.
Je lui réponds :
– Je comprends à quel point c’est terriblement difficile pour toi en ce moment et que tu souffres beaucoup. Tu as besoin d’aide. Je vais appeler chez toi. (Au vu de l’urgence de la situation, j‘appelle la famille sans laisser le choix à l’enfant).
– Papa ou maman ?
– Maman, me dit-il.
J’ai rencontré dans la journée, la maman de Paul-Henri en sa présence. Nous avons parlé de sa culpabilité. La mère a pu exprimer le fait qu’elle aussi se sentait coupable. Tous les deux ont pleuré et échangé autour de l’accident. La maman a pris la mesure de la souffrance de son fils. Elle lui a assuré qu’elle serait toujours là pour lui et qu’ils allaient se faire aider par un psychologue tous les deux. Il y avait beaucoup d’amour et d’émotion dans leurs échanges. Je les ai encouragés à continuer à en parler à la maison. J’ai revu Paul-Henri plus tard, toujours triste mais se sentant moins coupable.
Lors des entretiens, les enfants montraient une très grande capacité d’analyse et une grande compréhension de ce qui leur arrivait. J’étais loin d’imaginer tout ce que les enfants peuvent amener lors d’une rencontre: réflexion, pertinence, sensibilité, émotion (même ceux décrits comme perturbateurs). Je mettais à leur disposition des outils (dessin, marionnettes, théâtre) pour les guider et ils trouvaient en général eux-mêmes les solutions à leurs problèmes.
En 2009, Philippe Mérieu écrivait : Identifier les difficultés qui, pour un enfant, à un moment donné de son histoire, entrave son développement personnel et social, affectif et cognitif… Mais chercher en même temps ce qui peut constituer des points d’appui, une capacité ou une compétence déjà stabilisée , une connaissance déjà acquise, un projet à peine ébauché, une progression à sa portée qui constitue un enjeu ou un défi possible…
Après avoir expérimenté une piste discutée en entretien, ils revenaient très souvent me dire tout sourire : « ça a marché ! ». Ou encore « L’orage est passé ! », « Je vais mieux sur le chemin du deuil ! », « Mes parents m’ont écouté ! ». Ils étaient passés à travers leur difficulté et avaient retrouvé du bien-être en étant acteurs de leur vie.
Certains enfants n’avaient pas de demande particulière en venant à la « p’tite boite ». Par exemple un enfant est venu pour discuter de son quotidien au sein du foyer social où il vivait. Trois petites filles d’origine étrangère sont venues me montrer des danses folkloriques de leur pays. Un petit garçon me disait : « Mon papa est en prison, je vais le voir ce weekend. Je lui ai fait un joli dessin, regarde… ».
Un jour une petite fille de CE2 m’a dit qu’elle aimait chanter. Elle chantait très bien, avec beaucoup de fierté et de plaisir. Je l’ai accompagnée à la guitare. C’était un moment calme, valorisant pour cette élève en échec scolaire et qui avait également de gros problèmes de comportement à l’école.
Les enfants venaient parfois poser des questions existentielles :
– C’est quoi l’amitié ? C’est quoi l’amour ? Dieu ? Et la mort ?
– Pourquoi on est amoureux, comment on le sait ?
– Pourquoi a-t-il tué ses enfants ?
– Pourquoi y-a-t-il des enfants qui ont faim ?
Et je me rappelle également de cette petite fille de 10 ans qui disait :
– A quoi ça sert d’aimer si l’autre ne nous aime pas ?
Lorsque j’ai interrogé les enfants au sujet de la « p’tite boite », ils m’ont confirmé l’importance d’une permanence d’écoute à l’école en disant :
– On peut parler des soucis qu’on a, des problèmes. Si on n’a pas envie d’en parler à la famille, ça nous soulage.
– On pense plus tout le temps à ça et on travaille mieux.
– Je me sens plus tranquille.
– On relâche la pression.
– Je n’ai plus peur, je suis en sécurisation avec vous.
– J’en avais assez d’être triste dans ma tête.
Dès le départ, l’équipe éducative a encouragé les élèves à venir à la « p’tite boite ». Si un enseignant remarquait qu’un enfant n’allait pas bien, il lui rappelait son existence, mais c’est toujours (sauf en cas d’urgence) l’élève qui décidait en dernier lieu de venir ou pas.
Pour un enfant timide ou en difficulté relationnelle, il y avait souvent un gros travail de persuasion de la part de l’enseignant. Il est arrivé qu’une jeune fille arrive en pleurs le matin et que le maître lui suggère de venir à la « p’tite boite ». Cet élève a accepté de venir me parler. Elle avait vécu une scène difficile (un décès dans la famille) et je l’ai reçue en urgence. Une autre avait été agressée en chemin, je l’ai rencontrée après son passage chez le directeur.
Lors d’un conseil des maitres, des enseignants m’ont dit : « c’est un soulagement pour nous de savoir qu’un enfant que l’on sait en souffrance vient te voir ». Ils me disaient aussi que les élèves qui revenaient de la « p’tite boite » étaient plus détendus. Personnellement je le constatais souvent dans leur sourire quand ils me disaient au revoir à la fin d’un entretien.
Il m’arrivait de solliciter une rencontre avec les parents, avec l’accord des enfants. Les parents acceptaient volontiers de me parler ou de me rencontrer. Nos relations se sont toujours passées dans un climat de confiance et la plupart du temps, les parents ont été des partenaires bienveillants dans l’aide à apporter à leur enfant. Les situations se résolvaient plus facilement qu’au collège où les relations sont souvent plus tendues entre parents et adolescents.
Mettre en place une « p’tite boite »
La mise en place d’une « p’tite boite » suppose que soient réunies un certain nombre de conditions.
Tout d’abord, l’accord de toute l’équipe éducative de l’école est indispensable. La « p’tite boite » est un travail d’équipe au service des enfants et suppose une bonne communication entre les différents acteurs.
Ensuite, l’intervenant devra s’entourer d’un réseau de personnes (médecins, assistantes sociales, psychologues…), la « p’tite boite » se voulant un lieu d’écoute et de mise en lien, mais en aucun cas un lieu de thérapie.
L’intervenant devra de plus ne pas rester seul face à certaines situations difficiles amenées par l’enfant (maltraitance, idées suicidaires…) et n’hésitera pas à se faire superviser pour du débriefing.
Le but de ces entretiens étant de faciliter la libération de la parole, leur réussite nécessite l’établissement d’une relation de confiance avec l’enfant. Celui-ci doit être assuré de la confidentialité des sujets abordés (le travail scolaire, l’école, la famille, les copains, la santé). La confidentialité peut toutefois être levée dans le cas où l’intervenant estime que l’enfant est en danger.
L’originalité de cette action réside dans le fait que les enfants sont considérés comme acteurs de leur santé. Ils ne sont pas adressés par l’enseignant ou un autre adulte, mais la demande vient d’eux-mêmes. L’enfant ne doit jamais être forcé à venir à la « p’tite boite ».
Une évaluation qualitative et quantitative respectant la confidentialité des entretiens doit être réalisée régulièrement et toute l’équipe éducative doit être informée des résultats. Cette évaluation a pour but de mesurer l’impact de l’action « p’tite boite » et de réajuster si nécessaire les modalités d’intervention.
L’écoute des enfants demande de la bienveillance, de ne pas être dans le jugement, d’accueillir la parole et de respecter son rythme. La reformulation est importante pour s’assurer d’une bonne compréhension de la problématique de l’enfant.
J’ai ouvert ce lieu d’écoute pour essayer de répondre à un manque que j’avais identifié à l’école primaire. J’ai réalisé plus de mille entretiens d’élèves en cinq ans et tous les moments partagés avec eux ont été d’une grande richesse. Cette expérience d’écoute m’a montré que les enfants possèdent souvent en eux les ressources suffisantes pour gérer au mieux les problèmes qu’ils rencontrent. Ils ont juste besoin qu’on les accompagne dans leur cheminement. La célèbre maxime de la pédagogue Maria Montessori « Aide-moi à faire seul », pourrait être la devise de la « p’tite boite ».
Par la suite, je me suis penchée sur une étude de l’Unicef réalisée en 2014 auprès de 11 232 jeunes de 6 à 18 ans. Cette consultation part du principe, édicté par la Convention internationale des droits de l’enfant, que les enfants et les adolescents ont un droit à être écoutés et entendus et qu’il est du devoir des adultes et des institutions de mettre ce droit en pratique en leur donnant la parole.
Les résultats de cette étude vont dans le même sens que mes observations : « Si les participants se sentent globalement plutôt bien dans leur vie, il apparaît qu’un nombre important d’entre eux exprime un mal-être aussi bien dans leur famille, que dans leur quartier et leur école. »
Le rapport de l’UNICEF nous apprend qu’à écouter attentivement les jeunes, le simple besoin de protection et de reconnaissance pourrait bien prendre la tête du classement et il préconise de créer des lieux ou des temps d’écoute pour être attentifs à ce que les enfants et les adolescents ont à dire.
Pour finir voici la réponse qu’une petite fille m’avait donnée quand je lui demandais ce que lui apportait la p’tite boite : « S’asseoir, ça fait déjà du bien ».
Alors, à quand une « p’tite boite » dans chaque école primaire ?
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Bibliographie
- Cohn-Bendit, G. (2013). Pour une autre école, Paris, Autrement.
- Mérieux, P. (2009).Lettre aux grandes personnes sur les enfants d’aujourd’hui, Voisins-le-Bretonneux, Rue du monde.
- UNICEF France, 2014 – Consultation nationale des 6/18 ans – Ecoutons ce que les enfants ont à nous dire – Adolescents en France : le grand malaise. Disponible sur : www.unicef.fr/consultation.