Le 5 décembre dernier, l’organisme Lab-École lançait sa nouvelle publication Aménager les espaces scolaires, un guide destiné à soutenir les écoles dans la création de milieux d’apprentissage flexibles et mieux adaptés aux besoins des élèves et des équipes-écoles. L’événement, riche en témoignages et discussions, a mis en lumière l’impact positif que peut avoir l’aménagement scolaire sur la pédagogie et la collaboration.
« Changer le mobilier dans une salle de classe ou dans les aires communes d’une école, cela peut avoir l’air anodin. Par contre, cela pourrait avoir un effet bénéfique pour débuter une transformation dans les pratiques pédagogiques et pour contribuer au bien-être physique et psychologique des élèves et du personnel. » C’est essentiellement le message qu’ont transmis plusieurs des personnes présentes lors du lancement de la publication du Lab-École : Aménager les espaces scolaires.
Ce guide a trois objectifs principaux : informer, inspirer et outiller les milieux scolaires dans des pratiques d’aménagement renouvelées. En complément, sept outils sont proposés comme des questionnaires pour recenser les besoins, des gabarits budgétaires et des ressources pour trouver du mobilier scolaire fabriqué au Québec.
Pierre Thibault, architecte et cofondateur de Lab-École, a souligné lors du lancement l’importance de repenser les espaces scolaires pour s’adapter aux besoins diversifiés des élèves et des enseignants. « En mettant l’accent sur la flexibilité et la différenciation pédagogique, cette publication rappelle que l’aménagement des lieux influence directement la gestion de classe et les méthodes d’enseignement », a-t-il indiqué. Il a aussi insisté sur des aspects souvent négligés dans l’aménagement des espaces scolaires, comme l’importance de maximiser l’acoustique et l’ergonomie, tous deux essentiels pour créer un environnement propice à l’apprentissage.
Deux enseignantes flexibles

Signe qu’il n’est pas nécessaire d’être dans une construction neuve pour adopter l’aménagement flexible, Chantale Fortin et Catherine Villeneuve, enseignantes à l’école Saint-Fidèle de Québec, datant de 1939, ont partagé leur expérience lors du lancement. Selon elle, aménagement flexible devrait rimer avec pédagogie flexible et c’est ce qu’elles appliquent dans leur salle de classe respective depuis près de dix ans.
En fait, pour elles, le changement de mobilier est devenu un prétexte pour opérer un changement de posture pédagogique. Dans leur classe, il y a de moins en moins d’enseignement magistral. La pédagogie inversée, les projets en équipe, les ateliers collaboratifs, les périodes de classe à l’extérieur sont de plus en plus courants. Comme le mobilier se déplace facilement, il est simple de changer la configuration de la classe dès qu’un besoin se fait sentir.
Elles ont mentionné que l’aménagement flexible favorise un climat positif et collaboratif en classe, permettant aux élèves de développer des compétences en autonomie, autorégulation et respect mutuel. « Les élèves ont besoin de bouger, ils n’ont plus besoin de rester assis pendant toute la journée. Ils se sentent mieux, ils peuvent bouger, choisir leur place, et trouver des positions qui favorisent leur concentration et leur bien-être », a expliqué Chantale Fortin.
Les deux enseignantes ont insisté sur l’importance de développer des routines avec les élèves, de leur enseigner les comportements attendus dans les différentes zones de travail et de les impliquer dans le processus de création des espaces, une démarche qui les aide à respecter le mobilier et à s’approprier leur environnement d’apprentissage.
« On ne peut pas tout changer du jour au lendemain. Mes conseils : faites des essais, acceptez que ça prenne du temps, travaillez en équipe, changez la pédagogique au fur et à mesure que vous revoyez votre aménagement, partagez les bons coups et les défis aussi, n’ayez pas peur de demander de l’aide », a soutenu Catherine Villeneuve.
Elles ont d’ailleurs partagé avec l’auditoire cette infographie CTREQ-UQAM sur la classe flexible.
Penser et planifier un projet
Un autre moment d’échanges lors de l’événement a permis de recueillir les réflexions de plusieurs intervenants du milieu scolaire en charge de l’aménagement des espaces et de l’achat de mobilier, autant dans des écoles identifiées comme des Lab-École que dans d’autres établissements scolaires.
Michaël Fiola, directeur de la nouvelle école du Boisé des Prés de Rimouski, et Daniel Smith, gestionnaire du parc immobilier au Centre de services scolaire des Phares, ont partagé la manière dont ils ont travaillé ensemble pour aménager les espaces de cette nouvelle construction. Pour eux, il est essentiel que des personnes représentant à la fois les services éducatifs et les approvisionnements soient jumelées pour garantir le succès de ce type de projet, surtout lorsque cela vise une école complète. « Les équipes doivent travailler ensemble dès la conception pour garantir que les aménagements répondent aux besoins pédagogiques actuels et futurs. »
De son côté, Julie Savard, directrice adjointe au Centre de services scolaire de Charlevoix, a témoigné que l’achat de mobilier flexible est devenu un levier pour transformer les méthodes d’enseignement dans son milieu. « On ne se doutait pas de l’ampleur du changement que cela aurait sur les pratiques pédagogiques. »
Un consensus a émergé des échanges : le changement d’aménagement doit être accompagné d’une transformation de la posture des enseignants et d’un accompagnement sur plusieurs années. Ce processus demande du temps, de l’indulgence et une vision commune. Comme l’a rappelé Sophie Malo, conseillère pédagogique en innovation au Centre de services scolaire des Grandes-Seigneuries, « il faut sortir des modèles traditionnels pour laisser place à des espaces plus flexibles et collaboratifs qui soutiennent les pédagogies du 21ᵉ siècle ». Elle a indiqué que, dans son CSS, les écoles modulaires qui se multiplient sont devenues des lieux de prédilection pour tester du nouveau mobilier, de nouvelles formes d’aménagement et faire des essais.
Des conseils pour aménager un espace flexible
Voici quelques conseils qui ont été mentionnés tout au long des discussions et qui pourraient être utiles dans vos milieux :
- Dès qu’un nouvel aménagement est à faire, pensez flexible! Et cela ne coûte pas nécessairement plus cher.
- Chaque pièce de mobilier choisi devrait être pensé en fonction d’une intention pédagogique. Ayez des discussions pédagogiques sur les usages du mobilier.
- Fuyez la standardisation. Il ne devrait jamais y avoir de standard dans les aménagements flexibles. Chaque classe ou école devrait être unique.
- Évitez la personnalisation. Le mobilier ne doit pas être trop personnalisé à un enseignant ou même à un membre du personnel en particulier. Les espaces appartiennent aux enfants.
- Sortez des catalogues habituels de mobilier scolaire, mais pensez quand même à la durabilité des matériaux.
Concernant les appareils électroniques :
- Penser à prévoir des espaces de rangement (si le matériel reste en permanence dans la classe).
- Penser à l’ergonomie des élèves qui utilisent les appareils électroniques. Prévoir des zones appropriées pour le travail avec un ordinateur, par exemple.
- Prévoir des stations de charge pour les appareils électroniques.
En complément :
Sept outils complémentaires sont accessibles dans la section Nos outils du site Web du Lab-École :
- Le processus d’aménagement détaillé.
- Des questionnaires pour recenser les besoins.
- Une activité à faire avec les élèves sur l’aménagement et le mobilier de l’école.
- Des outils pour aménager les espaces scolaires (mini-mobilier).
- Des images pour inspirer la planification d’un projet.
- Un gabarit budgétaire pour suivre les investissements.
- Un répertoire des fournisseurs de mobilier scolaire disponibles au Québec.








