Par Marius Bourgeoys, conférencier et coach
C’est la rentrée. Certains l’abordent comme d’habitude. D’autres font table rase et l’abordent avec un mélange de curiosité et d’intentionnalité.
Certains se braquent. Ils ont déjà décidé qu’ils allaient simplement essayer de survivre une année de plus. On l’entend dans leurs mots. On voit l’incertitude dans leur non-verbal. On le ressent. Combien de gens pensent qu’ils sont impuissants en éducation présentement. Ça me touche tellement.
D’autres abordent chaque jour avec la conviction qu’ils vont travailler avec les meilleurs cette année, les yeux et le cœur remplis d’espoir en se disant que cette année sera leur meilleure jusqu’à maintenant. Pourquoi pas?
Et vous? Dans quel état d’esprit abordez-vous la rentrée? Avez-vous décidé de façon prématurée ce qui sera possible ou non pour vous ou pour les autres cette année?
La rentrée scolaire est une période vraiment stimulante d’un point de vue de leadership. Seth Godin affirme que les leaders transformationnels n’ignorent pas le monde dans lequel ils vivent. Ils décrivent plutôt l’avenir qu’ils tentent de créer. Vision.
La deuxième partie de cette citation, c’est ce qui me sort du lit. On ne subit pas nos listes de classe. Ce sont les adultes qui donnent le ton dans une école! Ce NOUS, que nous formons.
On n’ignore pas ici la complexité de la tâche, l’hétérogénéité des besoins, l’incertitude face à la preuve d’apprentissage, qui est menacée présentement puisque nous sommes tous en train d’apprendre la place que peut/doit occuper l’IA dans nos classes mais surtout, dans notre société. Mais que voulons-nous créer? Vision.
Toutes les personnes enseignantes communiquent leur vision présentement. Certains tentent de recréer les conditions de l’école qu’ils ont aimée, certains visent la fin du cours de 75 minutes, d’autres, bien ancrés dans la réalité d’aujourd’hui visent le profil de sortie ou encore le projet de vie de chaque élève. Vision. Sens.
Pour que les jeunes embarquent, il faut les amener quelque part.
Quelle est la valeur ajoutée de la présence scolaire à l’ère de l’IA et des nouvelles technologies émergentes? Moi je pense que c’est nous, la valeur ajoutée. Pas l’information, pas le plan de travail, pas le local au mobilier flexible. Nous. Les humains en devenir. Les humains capables de connexion et d’empathie.
Idée t-shirt : Tous les élèves peuvent progresser GRÂCE À CE QUE NOUS FAISONS! (Je le porterais fièrement.)
Une question importante à se poser en tant qu’équipe présentement est donc la suivante : Voulons-nous défendre l’école d’hier ou créer l’école d’aujourd’hui?
Je ne cherche pas à créer des clans ou à diviser en posant cette question. Or pour atteindre la cible, il faut la voir clairement. Gabor Maté affirme que le sentiment de sécurité ne vient pas de l’absence de menace. Il vient de la présence de connexion. Il faut être ensemble pour réussir à créer l’école d’aujourd’hui. Empathie. Absence de jugement. Mais on avance.
J’ai eu le bonheur et le privilège de participer à ISTE à Denver en juin dernier.
Pendant sa conférence, Ethan Mollick a affirmé qu’à l’ère de l’IA, les choses suivantes sont plus importantes que jamais :
- Les connaissances de base;
- L’expertise;
- Le développement professionnel.
J’ajoute le leadership à cette liste.
Pour que les acteurs du réseau embarquent dans le projet éducatif collectif, il faut les amener quelque part.
Le Nouveau-Brunswick, en ce sens, a pris position face à l’IA en publiant un cadre d’orientation de l’IA et un guide d’intégration de l’IA. Je vous invite à en prendre connaissance.
Le mot clé : intentionnalité.
Autre mot clé : leadership.
Cette vision va demander d’avoir le courage de diriger tout en apprenant (leading while learning) comme me disait ma collègue Annick Arsenault-Carter lors de mon passage à Moncton la semaine dernière. Merci pour le bon dîner 😉
À Denver, M. Mollick affirmait que pour façonner ce que les IA génératives vont devenir, il faut interagir avec elles et se partager nos trouvailles. Je vous recommande d’ailleurs son excellent livre Co-Intelligence: Living and Working With AI.
Voici quelques ressources de M. Mollick :
Nous sommes tous en train de bâtir notre compétence à interagir avec les IA. C’est en quelque sorte un nouvel aspect de la littératie. Chaque IA a sa personnalité.
Voici le Padlet que j’ai utilisé pour consigner les documents présentés au NB la semaine dernière ainsi que trois de mes interactions avec ChatGPT. Je vous invite à en prendre connaissance (surtout les prompts) et à y ajouter vos ressources et vos fils de discussion avec ChatGPT ou autre. Activons notre intelligence collective!
Cette chronique a d’abord été publiée sur le blogue de l’auteur. Elle est reproduite ici avec sa permission.
Découvrez d’autres chroniques de Marius Bourgeoys sur son blogue Tout le monde est un leader.