Par Narjiss Aoukach, enseignante de français, école Mont De La Salle, Centre de services scolaire de Laval.
En tant qu’enseignante passionnée par l’intégration des iPad en classe, je vis une double fascination : celle pour les nouvelles technologies et celle pour la responsabilité écologique qu’elles imposent. Mon intérêt pour l’innovation pédagogique s’accompagne d’une réflexion constante sur notre rapport aux écrans. La sobriété numérique n’est pas un frein à la créativité en classe, bien au contraire : elle en devient un moteur.
S’épanouir dans un numérique responsable
Comme enseignante de langues, l’iPad a transformé ma façon d’enseigner. Il me permet d’engager mes élèves autrement, de varier les approches, de dynamiser l’apprentissage. Mais cette passion technologique vient avec une prise de conscience : chaque geste numérique a un coût. Minimiser l’impact environnemental est devenu pour moi une priorité pédagogique.
Partager ma vision
Trouver l’équilibre entre l’enthousiasme pour les outils numériques et la nécessité de limiter leur usage superflu est un défi que j’embrasse pleinement. Cette tension m’inspire : elle me pousse à concevoir des expériences d’apprentissage à la fois porteuses de sens et respectueuses de notre environnement.
Sobriété numérique au cœur de ma pédagogie
Au fil des années, j’ai placé la sobriété numérique au centre de ma démarche. J’essaie de transmettre à mes élèves une conscience critique des outils qu’ils utilisent, en leur montrant qu’innovation et responsabilité peuvent aller de pair.
Mes 3 C pour enseigner la sobriété numérique
Comprendre
Tout commence par la compréhension. Comprendre ce qu’est la sobriété numérique, ce que représente l’empreinte écologique d’un iPad, ce que signifie l’omniprésence des écrans. Dans mes classes, nous parlons de dépendance numérique, de confidentialité en ligne. Nous élaborons ensemble une charte de sobriété numérique, afin de poser les bases d’une utilisation responsable des technologies.
Connaître
Il est essentiel de doter les élèves d’outils concrets. Un plan de gestion d’écran leur permet, par exemple, de mieux équilibrer leur temps entre le virtuel et le réel. Une activité sur l’identité numérique les pousse à réfléchir à la manière dont ils se présentent en ligne. J’anime aussi des ateliers pratiques sur la confidentialité, les alternatives écoresponsables et les moyens concrets de mesurer et limiter leur empreinte numérique.
Commencer
Puis vient le passage à l’action. J’encourage mes élèves à adopter des gestes simples, mais significatifs : une détox numérique hebdomadaire, un tri régulier de leur boîte courriel, le recyclage responsable de leurs appareils électroniques (comme ceux proposés sur le site https://lesserpuariens.com), ou encore une navigation plus économe en énergie (réduire les onglets, baisser la définition des vidéos, utiliser Ecosia ou Lillo, etc.).
Prendre soin de ses appareils, les réparer au lieu de les remplacer, débrancher les chargeurs, compresser les fichiers, archiver intelligemment : autant de petits gestes qui, mis bout à bout, participent d’un véritable changement de culture.
Une pédagogie active et participative
- Création de charte : Engager les élèves dans l’élaboration d’une charte de sobriété numérique pour la classe. Ils pourront ainsi participer activement à la définition des règles et des principes qui guideront leur usage des technologies.
- Débats en classe : Organiser des débats sur des questions liées à la sobriété numérique. Par exemple, inviter les élèves à discuter de l’importance de la limitation du temps d’écran ou des avantages et inconvénients des réseaux sociaux. Les encourager à présenter des arguments étayés et à écouter les opinions divergentes.
- Études de cas : Présenter aux élèves des études de cas réelles portant sur l’usage des technologies. Leur proposer de réfléchir à la manière dont les principes de sobriété numérique pourraient s’appliquer à ces situations et de suggérer des pistes de solution.
- Jeu de rôle : Mettre en place des jeux de rôle pour simuler des situations en ligne, comme la gestion du temps d’écran, la prise de décisions éclairées ou la résolution de conflits numériques. Ces mises en situation permettent aux élèves de mettre en pratique les principes abordés.
- Projets créatifs : Encourager la réalisation de projets artistiques ou créatifs sur le thème de la sobriété numérique : affiches, vidéos, bandes dessinées, présentations… Ces productions favorisent l’expression personnelle tout en consolidant les apprentissages.
- Présentations d’élèves : Demander aux élèves de préparer des exposés sur des sujets liés à la sobriété numérique, puis organiser des moments de partage en classe pour valoriser leurs recherches et nourrir la réflexion collective.
En adoptant cette approche, j’aspire à former une génération d’utilisateurs numériques éclairés, critiques et éthiques. Les 3 C que je propose – Comprendre, Connaître, Commencer – deviennent une boussole, une manière d’accompagner mes élèves vers un usage plus conscient, plus équilibré, plus respectueux de l’environnement et du monde dans lequel ils vivent.
Consulter le site de l’enseignante au sujet de la sobriété numérique.
🌱 En complément, consultez notre numéro (V27N3) sur l’enseignement du développement durable, rempli d’exemples inspirants et de pratiques innovantes pour intégrer les 17 objectifs de développement durable en classe : Enseigner pour un avenir durable.