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Comment utiliser l’intelligence générative dans l’enseignement

Il ne fait aucun doute que l'intelligence artificielle (IA) sera de plus en plus omniprésente dans les années à venir. En fait, elle est probablement déjà utilisée aujourd'hui par chacun·e d'entre nous, souvent sans que nous nous en rendions compte. Alors, qu'en est-il de l'intégration de l'IA dans le domaine de l'éducation? Peut-elle nous être utile d'une manière ou d'une autre? Cet article explore une façon d'exploiter l'IA à notre avantage. Une collaboration avec Jean-François Meunier, conseiller pédagonumérique au Service national du RÉCIT de la formation professionnelle.

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Par Jean-François Meunier, M. Éd, D., conseiller pédagonumérique, Service national du RÉCIT de la formation professionnelle

Bien que l’intelligence artificielle soit utilisée depuis plusieurs années, elle reste encore souvent cachée à nos yeux. De nombreuses applications sur nos téléphones intègrent des éléments d’IA, sans que cela soit toujours évident. Par exemple, un GPS, lorsqu’il nous dirige vers une destination, emploie des algorithmes pour éviter les zones de circulation dense, si nous le souhaitons. Il peut également recalculer le trajet en cas de mauvaise sortie, le tout à une vitesse impressionnante. En comparaison avec une carte routière, les utilisateurs et utilisatrices bénéficient là d’une avancée remarquable et d’un excellent exemple d’intégration numérique, tel que propose le modèle SAMR de Ruben Puentedura en 2010.

Au cours des deux dernières années, l’IA s’est révélée à un rythme fulgurant. Il suffit de penser aux assistants vocaux, comme Siri et Alexa. Récemment, elle est également apparue sur Facebook lors des recherches. Contrairement à certaines idées reçues, les téléphones ne nous écoutent pas réellement. Ils communiquent plutôt la position géographique de divers logiciels. Par exemple, si nous sommes chez un ou une amie qui vient d’acheter une nouvelle voiture et que nous en cherchons les caractéristiques sur Internet, toutes ces informations sont croisées pour que l’IA puisse nous suggérer l’achat de ce véhicule, voire plus. Des logiciels tels qu’Antidote exploitent également l’IA, et avec sa version 12, ils renforceront encore cette utilisation en offrant des outils pour réécrire, retoucher, modérer et raccourcir les textes. Enfin, qui n’a pas de liens vers ChatGPT ou Copilot dans ses favoris, en ce moment?

L’intelligence artificielle générative ou IA générative (IAg ou GenAI)

Cet article se concentrera sur l’utilisation de ChatGPT comme exemple. L’auteur n’a aucune affiliation avec OpenAI, l’organisation propriétaire de ChatGPT. 

Comme pour toutes les intelligences artificielles génératives, ChatGPT peut produire du texte et des images en réponse aux requêtes des utilisateur(trice)s. Il a la capacité d’apprendre des informations qui lui sont fourni pour personnaliser ses réponses. Il est possible de lui poser des questions et de lui demander de préciser ses réponses en fonction de diverses variables.

Cela dit, il est essentiel d’adopter une approche critique lors de son utilisation et de l’analyse des réponses. Lorsqu’une requête est formulée, ChatGPT cherche dans sa base de données des informations en lien avec le sujet et consulte également Internet pour affiner sa réponse. Il est donc nécessaire de se demander si les sources qu’il consulte sont fiables (voir le cadre de compétence numérique – compétence 1: Agir en citoyen éthique à l’ère du numérique). 

Il est important de valider les informations fournies par l’IA, en particulier si la question concerne un sujet largement traité. Les sources d’information peuvent en effet être contaminées par de fausses informations (par exemple, Le journal de Mourréal). De plus, il convient de noter que plusieurs sites Internet peuvent contenir des textes et des images générés par l’IA elle-même. Il sera donc indispensable de bien configurer l’IA pour qu’elle fasse abstraction de ce qu’elle a produit.

Comment l’utiliser dans le quotidien

Comme mentionné précédemment, la version 12 d’Antidote inclut des fonctionnalités telles que la réécriture de textes. De même, l’intelligence artificielle générative (IAg) permet cette fonctionnalité. Il suffit de lui soumettre un texte et de lui demander de le reformuler. 

Par exemple,

Notre rôle est de conseiller les autres conseillers technopédagogiques de chacune de nos régions et les enseignants en formation professionnelle. Ces enseignants donnent des cours dans les écoles du Québec dans plusieurs métiers, comme celui d’infirmière auxiliaire. 

Devient :

Notre rôle consiste à soutenir et conseiller les conseillers technopédagogiques de chaque région ainsi que les enseignants en formation professionnelle. Ces enseignants, qui œuvrent dans les écoles du Québec, forment des professionnels dans divers métiers, tels que celui d’infirmière auxiliaire.

Demander à ChatGPT d’utiliser un langage québécois. Cela deviendrait :

Notre job, c’est d’aider pis de conseiller les conseillers technopédagogiques de chacune de nos régions, de même que les profs en formation professionnelle. Ces profs-là enseignent dans les écoles du Québec dans plein de métiers, comme celui d’infirmière auxiliaire.

Toujours dans cet exemple, on peut lui demander d’allonger le texte ou encore d’en faire le résumé. 

Notre rôle, c’est vraiment d’être là pour soutenir pis conseiller les conseillers technopédagogiques de chacune de nos régions, de même que les enseignants en formation professionnelle. On est là pour leur donner un coup de main, pour les guider dans tout ce qui touche à l’intégration des technologies dans leurs pratiques pédagogiques. Les enseignants qu’on accompagne, eux, donnent des cours dans les écoles de formation professionnelle un peu partout au Québec. Ils forment des étudiants dans une grande variété de métiers, que ce soit en mécanique, en charpenterie, en électrotechnique, ou même dans des domaines comme celui d’infirmière auxiliaire. Notre but, au fond, c’est de s’assurer que ces enseignants-là aient les outils pis les ressources nécessaires pour que leurs élèves réussissent à devenir les pros de demain.

Il est également possible de traduire le texte dans une autre langue. Cela s’avère particulièrement utile si l’on souhaite communiquer en anglais sans être totalement à l’aise dans cette langue. L’auteur a demandé au logiciel de traduire ce texte :

La Journée internationale des enseignants, célébrée chaque année le 5 octobre, rend hommage au rôle essentiel des enseignants dans la formation des générations futures. Elle a été instaurée en 1994 par l’UNESCO pour souligner leur contribution à l’éducation et à la société. 

Cela a été traduit par :

“International Teachers’ Day, celebrated every year on October 5th, honors the essential role of teachers in shaping future generations. It was established in 1994 by UNESCO to highlight their contribution to education and society. 

Il existe donc de nombreuses options pour reformuler un même texte. En expérimentant avec le logiciel, il est possible de se familiariser avec les fonctionnalités et d’ainsi obtenir le texte souhaité.

Comment le faire utiliser par les élèves

Tout d’abord, il est important de souligner les défis que l’IA générative (IAg) peut poser, ainsi que certaines orientations du ministère de l’Éducation du Québec concernant son utilisation e en salle de classe. Selon Patrick Giroux, professeur de technologies éducatives à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), bien qu’il soit nécessaire de former les élèves à son utilisation, il est essentiel de développer « la pensée critique face à cela. Il va falloir apprendre à être critique, à contre-vérifier » (Patrick Giroux cité dans Martine Rioux, 2023).

Par ailleurs, il est indispensable de respecter la confidentialité des données. La loi 25 (loi encadrant l’utilisation des données personnelles au Québec) impose la responsabilité de protéger les données nominatives. Dans ce contexte, il est recommandé de ne jamais divulguer d’informations confidentielles dans une requête, d’autant plus que ces données ne sont pas hébergées au Québec.

Alors, comment utiliser l’IAg de façon responsable avec les élèves? Il est possible d’inviter les élèves à interroger l’IA pour se familiariser avec un sujet. Prenons l’exemple de l’utilisation d’un multimètre. En posant la question « Comment utiliser un multimètre », ChatGPT répondra :

Des conseils de sécurité sont même fournis! 

De plus, il est possible d’approfondir le sujet en posant d’autres questions. À la suite de la réponse précédente, l’auteur lui a demandé : « Et concernant un système à trois phases? » Voici ce qu’il a répondu :

Il est possible de constater qu’il fournit des réponses appropriées, même si celui qui pose les questions n’est pas tellement familier avec ce domaine. Lorsqu’on lui demande d’indiquer ses sources, voici ce qu’il répond :

Il serait alors possible de répondre « oui » à l’IA pour qu’elle fournisse des sources officielles. 

Lorsqu’il est conseillé d’adopter une approche critique dans son utilisation d’IA, cette situation représente un bon exemple. Il arrive fréquemment que l’IA ne donne pas de réponses précises concernant ses sources. Il incombe, en tant qu’expert ou experte en contenu, d’enseigner aux élèves à valider les informations fournies par l’IA. Enfin, dans ce cas, il serait possible de lui demander de préciser la requête en lien avec le Code canadien de l’électricité.

On peut également solliciter l’IAg pour obtenir de l’aide concernant l’utilisation d’un logiciel. Plusieurs élèves rencontrent des difficultés à cet égard. Il suffit de poser une question à l’IAg en lui demandant une commande ou en précisant une action à réaliser. 

Prenons l’exemple de dessiner une ligne dans le logiciel AutoCAD. Posez la question suivante : « Comment dessiner une ligne dans AutoCAD? » Voici la réponse fournit :

Il est aussi possible de lui demander une réponse en vidéo. Voici sa réponse :

Bref, les possibilités sont illimitées!

Comment l’utiliser dans l’évaluation des apprentissages

Lors de la conférence à la Formation Conjointe Collaborative (FCC) des conseiller(ère)s pédagogiques RÉCIT, une enseignante a fait part d’une problématique spécifique. Face à des élèves ayant des troubles du spectre de l’autisme (TSA), elle éprouvait des difficultés à capter leur intérêt pour l’écriture et la lecture. On pourrait établir un parallèle similaire avec les garçons au secondaire. En effet, dès la sixième année, « les filles surpassent les garçons, affichant des rendements scolaires nettement supérieurs dans 32 pays occidentaux, y compris au Canada » (Boyer, M-C., 2009). Alors, comment capter l’attention de ces élèves ayant un TSA?

Sa stratégie consistait à rechercher des sujets susceptibles d’intéresser ses élèves, à lire des textes, à rédiger des écrits, à concevoir des questionnaires en lien avec ces textes, puis à compiler les bonnes réponses dans un corrigé. Elle appliquait cette méthode à chacun·e de ses six élèves, ce qui représentait un investissement de temps considérable. La solution qu’elle a trouvée : l’IAg.

Elle a donc demandé à l’IAg de créer des textes sur des sujets qui intéressaient chacun·e de ses élèves. Par la suite, selon ses objectifs pédagogiques, elle a demandé d’ajouter davantage de déterminants ou de conjonctions de coordination. Bien sûr, elle a demandé des sources et a lu les textes pour s’assurer de la véracité des informations. Elle a ensuite demandé au logiciel de concevoir un questionnaire avec des questions ouvertes et fermées en lien avec le texte.

L’auteur a fait l’exercice avec la projection UTM utilisée en géodésie. Voici le texte produit par ChatGPT :

En enfin, le questionnaire avec les réponses :

Cela n’a pas pris plus de deux minutes pour demander au logiciel de réaliser cette tâche. Bien sûr, il est également nécessaire de consacrer du temps à la validation des informations fournies, mais cela représente un gain de temps considérable. Le temps ainsi économisé peut être réinvesti dans la correction des travaux des élèves ou dans d’autres activités pédagogiques.

Et la légalité dans tout cela, à qui appartiennent les droits d’auteur?

Le Royaume-Uni est l’un des rares pays à avoir légiféré sur le droit d’auteur concernant les créations générées par l’intelligence artificielle. Selon la législation britannique, « le droit d’auteur, lorsqu’il est généré par un système d’intelligence artificielle, est accordé à la personne qui rend la création de l’œuvre possible » (Langlois Avocat). 

Au Canada, la situation n’est pas encore définie, et une consultation concernant le projet de loi C-27 est en cours. Par conséquent, il n’est pas obligatoire de citer l’IAg dans ses textes. Cependant, l’auteur recommande d’utiliser les pictogrammes suivants lorsqu’une personne fait appel à l’IAg.

En conclusion, l’introduction de l’intelligence artificielle générative dans le domaine de l’éducation ouvre de nouvelles perspectives pour enrichir les pratiques pédagogiques et améliorer l’apprentissage des élèves. En permettant la personnalisation des contenus, la simplification de la rédaction et l’automatisation de l’évaluation, l’IA peut devenir un allié précieux pour le personnel enseignant. Cependant, son utilisation nécessite une approche réfléchie et critique, notamment en matière de validation des informations et de respect des droits d’auteur.

Pour maximiser les avantages de l’IA tout en minimisant les risques, il est essentiel de former le personnel enseignant à l’utilisation de ces outils et de développer la pensée critique chez les élèves. En intégrant l’IA de manière éthique et éclairée, il est possible de transformer les défis éducatifs en opportunités, préparant ainsi les générations futures à naviguer avec succès dans un monde de plus en plus numérisé.

Si vous avez des questions en lien avec cet article, communiquez avec Jean-François Meunier à l’adresse [email protected]. Les conseillers RÉCIT peuvent également aider les personnes enseignantes à intégrer les logiciels d’IAg dans leur pratique.

Bibliographie

Boyer, M.-C. (2009). Comment aider les garçons en lecture et en écriture? Compte-rendu d’une recherche-action collaborative effectuée sur une période de cinq ans auprès de garçons de milieux défavorisés. Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec. https://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/PSG/statistiques_info_decisionnelle/LaLectureEtLEcritureChezLesGarcons_DeAaZ.pdf

Langlois, M. (2023). Encadrement légal de l’intelligence artificielle : Comment les droits d’auteur sont-ils protégés? https://langlois.ca/ressources/encadrement-legal-de-lintelligence-artificielle-comment-les-droits-dauteur-sont-ils-proteges/

Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. (2017). Cadre de référence de la compétence numérique. Gouvernement du Québec. https://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/ministere/Cadre-reference-competence-num.pdf

Rioux, M. (2023). Démystifier l’intelligence artificielle en éducation. École branchée. https://ecolebranchee.com/dossier-demystifier-intelligence-artificielle-education/ 

*Ce texte a été reformulé par ChatGPT pour une rédaction épicène, c’est-à-dire d’une représentation équitable des femmes et des hommes.

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