Dans une conférence intitulée La culture hip-hop pour amplifier sa voix, Webster a retracé son propre parcours qui a débuté en 1995. Il était alors dans une quête d’identité et de représentation en tant que jeune métis né d’un père sénégalais et d’une mère québécoise. Il a partagé comment le rap, au-delà d’un simple médium musical, l’a guidé vers la littérature et l’intellectualisme.
En citant des figures emblématiques, comme 2Pac et le Wu-Tang Clan, qui intégraient Machiavel et Socrate dans leurs textes, le rappeur québécois a souligné que les classiques du rap sont souvent porteurs de réflexions profondes et d’un engagement intellectuel.
Pour les enseignants, il s’agit selon lui d’une opportunité : utiliser le rap, un style musical qui plaît énormément aux jeunes, pour développer des compétences en écriture tout en stimulant la pensée critique chez les élèves. (Voyez aussi l’article Réviser les maths avec style : bienvenue dans l’univers des Rapémathiques et des Rapépratiques!)
« La culture hip-hop est très populaire chez les jeunes et ils doivent pouvoir découvrir autre chose que le style gangsta rap, souvent associé à la violence et au sexisme, qui est le plus commercialisé de nos jours. »
Techniques d’écriture à intégrer en classe
Webster a détaillé plusieurs procédés littéraires essentiels à l’écriture du rap. Ceux-ci peuvent être facilement utilisés dans le cadre d’une rédaction scolaire :
- La rime : des rimes simples comme marcher / archer aux rimes multiples comme étonnamment / et ton amant, les jeux sonores enrichissent les textes.
- La comparaison : des éléments comparés en utilisant un outil de comparaison : comme, pareil à, semblable à, tel, tel que, de même que…
- La métaphore : une comparaison implicite, sans mot comparatif, qui est utilisée pour jouer sur le sens figuré et développer l’imaginaire.
- Les allitérations : où la répétition de consonnes crée un rythme engageant.
Ces procédés permettent aux élèves d’explorer leur propre créativité tout en maîtrisant des notions littéraires et linguistiques.
Le mélange des langues : une richesse culturelle
Concernant l’usage de différentes expressions dans des langues autres que le français dans les chansons rap québécoises, Webster soutient que l’alternance entre le français, l’anglais et d’autres langues, comme le wolof, est une marque de fabrique propre au rap d’ici.
Il a souligné que cette pratique ne devrait pas être critiquée, mais célébrée comme une expression de diversité culturelle et linguistique, qui est à l’image du Québec d’aujourd’hui. « Le mélange des langues permet d’ajouter des options, de créer davantage de rimes et d’enrichir les textes », dit-il. En classe, ce métissage peut devenir un point d’ancrage pour discuter des identités plurielles et favoriser les échanges culturels.
Le hip-hop : une éducation au-delà des murs de l’école
Webster a conclu en rappelant que le hip-hop, au-delà d’être une culture populaire, est devenu, au fil des années, un mouvement intellectuel capable de transformer des réalités marginalisées en forces créatives.
« Pour les enseignants, intégrer le rap et ses techniques dans leurs pratiques pédagogiques peut permettre de créer un lien avec les élèves, de les engager dans un processus créatif engageant où ils pourront trouver leur voix », affirme-t-il. Il a invité les enseignants à devenir des « passeurs culturels », permettant à leurs élèves de se connecter à des récits et à des auxquels ils pourront s’identifier.
La conférence de Webster s’est déroulée dans le cadre de la journée Parlons culture et éducation, organisée par la ville de Québec. La prochaine édition aura lieu le lundi 24 novembre 2025.
À découvrir : Le Service de la culture et du patrimoine de la ville de Québec a développé un programme de médiation culturelle pour les écoles. À voir aussi, au sujet du rap à l’école : Réviser les maths avec style : bienvenue dans l’univers des Rapémathiques et des Rapépratiques!