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Oser écrire à l’ère du numérique : quand l’IA devient un miroir de soi

De la peur de la page blanche à la confiance retrouvée, l’intelligence artificielle peut devenir un outil maïeutique, un compagnon d’écriture bienveillant. Lors de l’événement Ludovia#BE 2025, l’atelier de Ludovic Riga a démontré comment les robots conversationnels (chatbots) éducatifs peuvent transformer l’acte d’écrire en un geste d’émancipation.
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Par Nicolas Le Luherne
Inspecteur de l’Éducation Nationale, Lettres, histoire géographie au sein de l’Académie de Rennes.

Dans Éloge du Bug, être libre à l’heure du numérique, Marcello Vitali-Rosati déclare que le numérique existe depuis toujours, ou plutôt la culture numérique. Il s’appuie sur l’exemple de l’École de Pythagore avec ces mots : 

« (Elle) dédiait la plupart de ses efforts à la numérisation du monde. »

Il ne s’agissait pas de quantifier le monde, mais de trouver la formule de la beauté à travers le travail sur le son et les harmonies. Si l’IA était une opportunité de faire de l’intertextualité numérique, un pont dans l’histoire, une manière de dire à celui qui est victime de ses représentations serait : « Vas-y, écris, ose! ».

L’une des forces des intelligences artificielles génératives est leur capacité à faire entrer les personnes qui les utilisent dans une forme de maïeutique, un dialogue avec eux-mêmes, un appui pour dire Je peux

Convenons-le, il n’y a rien de plus difficile que de commencer un texte. Écrire, c’est exposer et s’exposer au monde. Au moment où j’écris ces premiers mots depuis bientôt 4 ans, je mesure la distance entre le « j’ose », « je peux » et « je suis légitime ». Imaginons pour l’élève dont le passé scolaire s’est écrit dans la douleur de l’écrit. Écrire est un acte sensible certes, un partage d’âme bien sûr, mais c’est aussi un acte technique qui devient un geste de confiance à soi et à l’autre. 

Dans ses écrits, Marc Aurèle évoque son père. Il loue un certain nombre de ses qualités dans le livre 1, article XVI des Pensées pour moi-même et j’ai retenu celle-ci : « son empressement à faire que chacun, selon sa spéciale capacité, soit honoré ». 

Il y a des professeurs qui, par leur démarche pédagogique, correspondent à cette définition. 

À l’occasion de l’événement Ludovia#BE 2025, Ludovic Riga m’a semblé en être. Le titre de son atelier, « Créer des chatbots IA pour personnaliser l’apprentissage des élèves », invitait au perfectionnement technique, à braconner des idées et à remplir son sac d’astuce pédagogique. Je me suis donc arrêté curieux, et là, un bogue. 

La première diapo de sa présentation assistée par ordinateur nous plonge dans la « leucosélidophobie ». La quoi? Après avoir interrogé discrètement mon doudou numérique, j’ai trouvé : la peur de la page blanche. Et chez Ludovic Riga, l’ambition d’accompagner l’élève à vaincre cette peur et qu’il soit honoré du talent qu’il ne soupçonne pas.

Oser

Charles Pépin, dans La confiance en soi, une philosophie, nous dit qu’« avoir confiance en soi, ce n’est pas être sûr de soi. C’est trouver le courage d’affronter l’incertain au lieu de le fuir. Trouver dans le doute, tout contre lui, la force de s’élancer. » 

La qualité de tout pédagogue, c’est mettre l’élève dans cette posture. 

Tel l’artisan, à l’aide d’une des couleurs de sa palette pédagogique et son art du détournement, il construit les conditions de la réussite. La formule secrète : une pincée de boite à histoire et un peu d’art du prompt

L’objectif du premier chatbot que Ludovic Riga présente et qui l’accompagne en classe est d’aider les élèves à rédiger selon le modèle de la boîte à histoires. Il leur fait découvrir les rudiments du schéma narratif et les guide dans la construction de l’histoire tout en les gardant acteurs du chemin. 

Le chatbot Boîte à histoires permet aux jeunes de se défaire de la peur du vide. Les réponses s’adaptent à leur niveau et à leur rythme. C’est un tuteur virtuel disponible en permanence en classe pour soutenir les apprentissages. Ici, on ose. 

Attention, point de technosolutionnisme, il s’agit bien de la patte de l’enseignant qui ne ment pas sur le caractère chronophage de la préparation ni ne minimise le travail nécessaire pour arriver à ses fins. Il a utilisé pour créer celui-ci la plateforme Typebot, et c’est un robot de type scénarisé, scripté (par opposition au chatbot dit génératif). Dans son cas, les échanges sont programmés à l’avance et l’utilisateur suit un chemin défini.

Pouvoir écrire 

Dans cet atelier, je découvre aussi le Poetbot, qui permet de construire son propre poème à l’aide de requêtes qui ne disent pas leur nom. L’apprenant rédige de façon progressive un poème en obtenant des rétroactions personnalisées. Et parce que c’est une machine sans jugement, c’est un travail sur son engagement et l’émancipation de sa représentation de soi-même. L’élève se découvre capable.

Pour tester le Poetbot, créé via MagicSchool, cliquez ici et entrez le « Room Code » : 5VB49Q. 

Se lancer! 

Pas de breton sans Tri Yann, pas de belge sans Hergé et son expression algorithmique : le « Hergébot », qui invite les élèves à partir à la rencontre du créateur de Tintin et à adopter le rôle de reporters. Être un auteur compétent, c’est être en capacité de confronter la réponse d’une IA à celle d’autres sources et à sélectionner la bonne information. Et c’est bien l’objectif de ce dernier artefact pédagogique : faire de l’élève un lecteur critique et donc compétent. Pour se lancer, il faut se sentir sécurisé, avoir posé plusieurs briques. Il y en a quelques-unes ici. 

Pour tester le Hergébot, créé via MagicSchool, cliquez ici et entrez le « Room Code » : 5VB49Q. 

Vous l’aurez compris, j’ai aimé cet atelier pas seulement parce qu’il est créatif et pédagogue, mais parce qu’il répond au seul critère qui compte : la démarche avant les outils.

Et parce qu’il est animé par la bienveillance, la créativité et un regard curieux sur le monde.

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