Par Isabelle Therrien et Natalie Aubry
Conseillères pédagogiques au Service national du RÉCIT à l’éducation préscolaire
Semer des graines
En février 2024, Stéphanie Dionne de l’École branchée revenait du SETT à Namur avec en poche les coordonnées d’Isabelle Goffinet, une enseignante belge qui voulait être mise en relation avec des enseignantes du Québec pour discuter de l’intégration des TIC à l’éducation préscolaire. Stéphanie a tout de suite contacté Isabelle Therrien et Natalie Aubry, les deux conseillères pédagogiques du Service national du RÉCIT à l’éducation préscolaire. Ces dernières ont pensé à plusieurs candidates potentielles et ont rapidement décidé de partager cette demande de correspondance avec une enseignante de la Côte-Nord, Patricia Boudreau, et une autre de la rive sud de Montréal, Caroline Daunais-D’Amours, car toutes deux intègrent les TIC dans leur enseignement et partagent leurs idées et leurs ressources sur les réseaux sociaux et dans différents congrès.
Prendre racine
Les deux enseignantes du Québec ont répondu aux courriels d’Isabelle Goffinet et, rapidement, des liens se sont créés. Puis, Patricia Boudreau, qui est aussi enseignante-ressource pour l’École en réseau, a pensé créer une communauté de pratique (CoP) en collaboration avec le Service national du RÉCIT à l’éducation préscolaire.
L’idée de réunir des professionnels de l’éducation de la francophonie autour d’un sujet commun, soit l’utilisation du numérique en classe maternelle, a séduit une quarantaine d’enseignants de la francophonie qui se rencontrent en visioconférence régulièrement depuis la rentrée 2024. Les échanges portent sur différents sujets, allant de la façon d’intégrer les tablettes aux applications préférées, en passant par les activités débranchées et la robotique. Les ressources et les idées qui y sont partagées seront rendues publiques en fin d’année.
Laisser bourgeonner
Parallèlement à la planification de cette communauté de pratique, l’idée d’aller visiter leurs correspondantes belges a naturellement germé dans l’esprit des conseillères pédagogiques qui ont cherché des moyens de financer ce projet un peu fou de traverser l’Atlantique. Elles ont ainsi déposé une demande auprès d’Échanges Azimut, qui a offert une Bourse de mobilité en formation générale – Coenseignement et codirection permettant de payer les frais de déplacements et de subsistance des quatre participantes. Une autre subvention a été demandée dans le cadre des Projets d’innovation liés aux technologies numériques en éducation (mesure 15081) du MEQ pour défrayer les coûts de suppléance des deux enseignantes.
Durant ce temps, Isabelle Goffinet préparait la visite des Canadiennes et cherchait du financement pour venir au Québec à son tour.

Voir grandir et fleurir
C’est en janvier 2025, soit un an après ses premiers balbutiements, que le voyage s’est enfin concrétisé. Le projet a pris de l’ampleur en cours de route, alors que la petite délégation a décidé de passer par la France avant de se rendre en Belgique. C’est en banlieue de Paris que la visite d’une école maternelle composée de plusieurs classes de petites, moyennes et grandes sections a permis de comprendre un peu plus le système éducatif français.
Puis, en Belgique, la visite de plusieurs classes de deuxième et troisième maternelle a été l’occasion de rencontrer quelques participantes de la CoP. Certaines ont présenté leur routine numérique matinale sur l’écran interactif et des enfants ont fièrement exposé leur utilisation des codes QR pour réaliser des ateliers autonomes. Une des classes visitées a également profité de la présence de 5 adultes supplémentaires pour faire vivre un jeu d’aventure de style jeu d’évasion, dans lequel le numérique occupait une grande place.

Un des moments marquants de cette aventure a été l’activité intergénérationnelle organisée par l’enseignante Isabelle Goffinet. En effet, des aînés de la commune de Bastogne en apprentissage de la tablette ont été invités en classe pour vivre différents ateliers numériques avec les enfants. Ainsi, grands et petits ont pu, par exemple, faire de la robotique, enregistrer leurs voix et créer des livres, répondre à des questions sur la culture belge dans un jeu de l’oie conçu par la titulaire et réaliser un montage photos mettant de l’avant les règles éthiques de l’utilisation de l’image.
Par ailleurs, les deux conseillères pédagogiques au Service national du RÉCIT à l’éducation préscolaire ont profité de ce voyage en Belgique pour faire une présentation lors du salon SETT (School Education Transformation & Technology) à Namur, le 24 janvier 2025. Après avoir expliqué brièvement ce qu’est le RÉCIT, elles ont pris le temps de montrer comment l’intégration du numérique à l’éducation préscolaire s’inscrit dans le Programme-cycle ainsi que dans le Référentiel de compétences pour la profession enseignante et le Cadre de référence de la compétence numérique. Les nombreux participants à cet atelier ont apprécié les informations partagées et sont ressortis enchantés de leur rencontre avec des Québécoises! Ces dernières étaient aussi heureuses de visiter les nombreux kiosques et sont revenues avec les coordonnées de nouveaux contacts professionnels.

Récolter de nouvelles semences
Durant ce séjour en France et en Belgique, des liens se sont créés ou se sont resserrés et les rencontres Teams avec la communauté de pratique sont maintenant plus riches. Les observations que les participantes ont faites sur le terrain seront partagées lors d’un atelier à l’AQUOPS et dans des articles, notamment dans la revue professionnelle de l’Association d’éducation préscolaire. Il est déjà possible d’affirmer que l’intégration du numérique à l’éducation préscolaire se fait graduellement des deux côtés de l’océan, en premier lieu, grâce à des enseignantes passionnées qui s’investissent pour faire vivre des activités signifiantes et stimulantes aux enfants de leur classe.
De plus, Isabelle Goffinet, l’initiatrice de ce petit projet devenu grand, viendra au Québec en avril pour visiter quelques classes et participer à l’AQUOPS. À son tour, l’enseignante et référente numérique belge pourra faire des parallèles entre son programme et celui du Québec ainsi qu’entre les types d’établissements, les services offerts aux élèves et aux enseignantes, les outils numériques préférés, etc.
Les instigatrices de ce voyage d’échange espèrent que leurs nombreux témoignages inspireront d’autres acteurs du milieu de l’éducation, que ce soit des conseillers pédagogiques, des enseignants ou des directions d’écoles, à monter un projet semblable en s’aidant des ressources comme Échanges Azimut, et qu’ils pourront, à leur tour, prendre part à un projet aussi formidable!
