Près de deux et demi après les premières publications accusant Harvey Weinstein d’agressions sexuelles et de viols, le producteur de cinéma déchu s’est vu reconnaître coupable à l’issue d’un procès très médiatisé et ira passer les 23 prochaines années en prison. L’homme avait plaidé non coupable et affirmait n’avoir eu que des relations sexuelles consensuelles avec ses victimes.
Des cinq chefs d’accusation qui pesaient contre lui, deux ont mené à un verdict de culpabilité. Weinstein est alors condamné pour une agression sexuelle survenue en 2006 contre l’ancienne assistante de production Miriam Haley et pour le viol de Jessica Mann en 2013, elle qui aspirait à devenir actrice. Celui qui a longtemps été considéré comme l’un des plus influents d’Hollywood a été acquitté des trois autres chefs d’accusation, les plus importants, soit ceux d’agression sexuelle dans le cadre d’un comportement prédateur sur Miriam Haley, Jessica Mann et Annabella Sciorra.
La sentence maximale pour ce genre de verdict est de 29 ans, Weinstein en écope de 23. La justice envoie donc un message fort et clair : même âgé de 67 ans et avec une condition physique incertaine, les crimes commis par Harvey Weinstein sont très graves et ils doivent être punis en conséquence. Pour leur part, les avocats de l’accusé réclamaient la peine minimale dans les circonstances, c’est-à-dire cinq ans.
« L’incident avec Harvey Weinstein a changé le cours de ma vie, a expliqué Mimi Haleyi, qui a dû s’interrompre, en pleurs, avant de reprendre son allocution. Il a détruit une partie de moi. J’espère que (la peine) sera suffisamment longue pour qu’il prenne conscience de ce qu’il a fait, à moi et à d’autres, et se repente vraiment, a conclu l’ancienne assistante de production, agressée sexuellement par le producteur en 2006. »
Source : La Presse, 11 mars 2020
Parmi la centaine de femmes à avoir dénoncé les agressions et le harcèlement subis par Harvey Weinstein, il y a l’actrice québécoise Erika Rosenbaum. Elle a été prise dans l’engrenage du producteur de cinéma il y a un peu plus de 15 ans. Ce dernier utilisait toujours la même trame : le rendez-vous se transportait à la dernière minute dans une chambre d’hôtel, il complimente ses victimes avant de leur demander avec insistance un massage. Les rencontres qui suivaient étaient toujours déplacées au dernier instant dans une chambre d’hôtel où d’autres gestes à caractère sexuel étaient posés de force par le producteur. À l’instar d’Erika Rosenbaum, plusieurs des victimes du producteur ont fini par accéder à ses demandes, de peur de devoir faire une croix sur leur carrière.
« Pour une fois dans ce genre de cas, le système a marché, estime Erika Rosenbaum. Même un homme riche et connu comme lui a été reconnu coupable et s’en va en prison. Il y a vraiment un sentiment de justice et d’espoir aujourd’hui. »
Source : Le Devoir, 12 mars 2020
La sentence exemplaire donnée à Harvey Weinstein a une valeur symbolique puissante pour le mouvement #MeToo, deux ans et demi plus tard : fini les intouchables, le temps est à la libération de la parole. Contrairement à ce qu’on peut croire, la campagne #MeToo n’est pas réellement née en 2017 en même temps que l’affaire Weinstein :
« Le mouvement a été lancé en 2007 par Tarana Burke, une travailleuse sociale et militante de New York qui voulait créer une communauté de soutien aux victimes d’agressions sexuelles. Reste que c’est le 15 octobre 2017 que le mot-clic est devenu viral. Uniquement sur Facebook, le réseau social a enregistré plus de 12 millions de messages, commentaires et réactions en 24 heures. Et pourquoi ? Parce que l’actrice Alyssa Milano a suggéré sur Twitter à toutes les femmes qui ont été agressées ou harcelées sexuellement d’écrire Me Too. »
Source : La Presse, 2 janvier 2020
Ton défi
Plus près de nous, au Québec, le mouvement #metoo a également permis à plusieurs femmes et hommes de dénoncer leurs agresseurs. Parmi ceux-ci, nous retrouvons deux personnalités publiques très connues dans le « showbiz » québécois : Éric Salvail et Gilbert Rozon. Ton défi est de t’informer sur chacun de leur cas et de trouver, d’une part, le nom du plaignant dans l’affaire Salvail et, d’autre part, le nom du regroupement des victimes alléguées de Rozon.
SUGGESTIONS D’ACTIVITÉS
Disciplines et niveaux visés
–Histoire et éducation à la citoyenneté (2e cycle du secondaire)
- Interroger les réalités sociales dans une perspective historique
- Le mouvement féministe
– Éthique et culture religieuse (2e cycle du secondaire)
- La justice
Dimensions de la compétence numérique ciblées
- Produire du contenu avec le numérique
- Développer et mobiliser sa culture informationnelle
- Exploiter le potentiel du numérique pour l’apprentissage
Outils numériques suggérés
- Padlet
- RWT Timeline
- PowerPoint, Slides ou Genially
Intention pédagogique du guide
À l’aide des lectures et des activités suivantes, les élèves s’interrogeront sur la réalité sociale des mouvements féministes et des droits des femmes à travers le temps.
Objectifs des activités
- Définir le féminisme en s’attardant sur ses acteurs et ses revendications à l’aide de la création d’un abécédaire.
- Créer une ligne du temps qui retrace les événements marquants de la cause féministe au Québec et au Canada.
- Porter un regard critique sur les différences entre les femmes de 1960 et d’aujourd’hui et créer un tableau comparatif.
- S’informer sur les impacts du mouvement #MeToo au Québec avec, entre autres, les cas Éric Salvail et Gilbert Rozon.
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