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La gestion du changement : la clé pour réussir la transformation numérique en éducation

Dans le cadre de la 5ᵉ édition de l’événement Ludovia#BE, Ingrid Février, de la firme Convidencia, a présenté la conférence « Transformation numérique : de l’appréhension à l’appropriation ». Elle a abordé les défis de la gestion du changement, en particulier dans le contexte de la transformation numérique en éducation, remettant l’humain au centre du processus.
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Ingrid Février a démystifié plusieurs idées reçues, soulignant que la transformation numérique n’est pas seulement une question d’outils ou de nouvelles plateformes. En réalité, elle implique une profonde transformation des individus, de leurs façons de penser et d’interagir, ainsi qu’une capacité à s’adapter continuellement au changement. 

La conférencière a expliqué que la performance (ou la réussite) d’une transformation repose sur deux piliers : la qualité des outils et leur acceptation par les utilisateurs et utilisatrices. Ce n’est pas l’outil seul qui garantit l’efficacité, mais bien l’engagement des personnes qui l’utilisent. « Ce n’est pas en rendant accessibles de nouvelles technologies dans un contexte donné que le changement s’opèrera comme par magie. L’acceptation est primordiale », a-t-elle dit. Voilà pourquoi il ne faut surtout pas prendre ce processus à la légère!

Le modèle de la « vache molle » et le rôle des ambassadeurs

Ingrid illustre la dynamique de résistance et d’acceptation dans une organisation par ce qu’elle nomme la « théorie de la vache molle ». Dans ce modèle, on considère que 15 % des personnes résistent naturellement, que 15 % sont facilement convaincues et que 70 % — les « vaches molles » — sont indécises et influençables. Ces dernières, explique-t-elle, peuvent être attirées du côté de l’acceptation ou de la résistance, selon l’influence qu’elles recevront. 

Pour cette raison, elle estime qu’identifier des ambassadeurs du changement (des super utilisateurs convaincus) et leur fournir des ressources adéquates pour le promouvoir est essentiel. Ces ambassadeurs jouent un rôle clé pour convaincre les indécis en leur montrant les bénéfices de la transformation numérique et ainsi les attirer de leur côté. 

La courbe de Kübler-Ross : une étape à la fois

Adopter une transformation numérique peut provoquer un véritable choc culturel et émotionnel, qu’Ingrid Février compare carrément à la courbe du deuil de Kübler-Ross, qui compte cinq étapes : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. 

Image présentée lors de la conférence. Source : Collapsologie & courbe de deuil 

Ainsi, devant un changement, les individus passent d’abord par une phase de résistance et de rejet, souvent liée à la peur de perdre leur expertise et de voir leur rôle remis en question. La « terreur de l’incompétence », qui survient lorsqu’un enseignant doute de sa maîtrise des nouveaux outils, est une émotion à laquelle il faut être attentif pour réussir la transformation numérique, a rappelé l’experte.

« Avec l’intégration des outils numériques, les enseignants basculent dans un monde où ils perdent le contrôle : leur expertise peut être remise en question, leur rôle de transmetteur du savoir change. Ils doivent développer un minimum de compréhension sur les raisons motivant les changements pour avoir l’impression de reprendre le contrôle de la situation. Ils doivent connaître le pourquoi », soutient Ingrid Février. Elle a fait le parallèle avec le domaine de la santé, où l’on utilise le terme « salutogénèse » pour désigner une transition fluide sous la forme d’un continuum. Le changement doit se faire en douceur, de façon structurée.

D’ailleurs, pour qu’une transformation numérique ait du succès, l’empathie et une vision partagée sont indispensables. Selon la conférencière, les décisions de numérisation sont souvent perçues comme imposées, sans concertation avec les personnes concernées. Cela peut alimenter une perception déshumanisante du numérique, une perte de proximité ou de lien humain, pourtant essentiels dans les interactions pédagogiques. 

« Il faut éviter que les personnes vivant le changement aient une sensation de noyade sous le flot d’information et de technologie qu’on leur présente, a-t-elle imagé. Une approche empathique, centrée sur l’humain, permet de répondre aux craintes des enseignants et d’atténuer leur sentiment de perte de contrôle », estime-t-elle.

Réfléchir aux bénéfices des outils pour les relations humaines

La transformation numérique doit également intégrer une réflexion sur la manière dont les outils peuvent enrichir, et non remplacer, les relations humaines. En mettant l’accent sur l’accompagnement et l’écoute, l’école peut tirer parti du numérique pour renforcer les liens et améliorer les interactions pédagogiques. Cela nécessite un « leadership éclairé » qui valorise la montée en compétences numériques et un meilleur développement du savoir-être des acteurs impliqués. 

« Il ne faut surtout pas que le personnel perçoive l’intégration des outils numériques comme une tentative de standardisation de la profession enseignante. La réalité est beaucoup plus complexe et nuancée. »

Ingrid Février a conclu en rappelant que la transformation numérique, pour être pleinement réussie, doit être une transformation des individus eux-mêmes. Un changement durable se construit à travers une vision claire, un accompagnement personnalisé et une mise en valeur de l’enrichissement humain que le numérique peut apporter.

En complément : 

L’École branchée remercie l’Agence du numérique éducatif (AdN) de la Wallonie et le Ministère des Relations internationales et de la francophonie du Québec, dans le cadre du 13e appel à projets Québec – Wallonie-Bruxelles, pour la biennie 2024-2026, pour avoir permis la participation à cet événement.

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