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Ludification, jeux et jeux sérieux : un expert explique les subtilités

On entend beaucoup parler de ludification de l’apprentissage et de jeux sérieux. Toutefois, il y a une différence importante entre ces concepts.

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Depuis quelques années, on entend beaucoup parler de ludification de l’apprentissage et de jeux sérieux. Toutefois, il y a une différence importante entre ces concepts. Un expert explique.

Afin de démêler le jeu, le jeu sérieux et la ludification, je me suis entretenu récemment avec Richard Landers, professeur de psychologie à l’université américaine Old Dominion et chercheur spécialisé dans le domaine de l’apprentissage et de la ludification.

École branchée : Nous entendons souvent le terme « ludification ». Pouvez-vous nous dire ce que c’est concrètement dans un contexte scolaire?

Richard Landers : Lorsqu’un enseignant « ludifie » son enseignement, cela signifie qu’il utilise des éléments du domaine des jeux et du divertissement et les applique pour faire apprendre. La ludification peut être réalisée à différents degrés. Par exemple, elle peut simplement consister à utiliser la compétition et le classement, ou être plus complexe et reposer sur la création de personnages ou le développement d’arbres de compétences.

École branchée : On pourrait penser que la ludification de l’enseignement consiste simplement à demander aux élèves de jouer à des jeux. Quelles sont les caractéristiques spécifiques de la ludification dans un contexte éducatif?

Richard Landers : Je dirais que le simple fait d’utiliser des jeux dans une salle de classe n’est pas de la ludification. Dans ce cas, l’enseignant utilise simplement un jeu comme un outil pédagogique, comme il utiliserait un tableau et une craie. Le jeu est utilisé pour faire apprendre depuis des millénaires. Par exemple, les sports sont depuis longtemps utilisés comme des jeux pour se pratiquer pour la guerre. La ludification, au contraire, implique de prendre des éléments du jeu et de les appliquer en dehors du contexte du jeu. On peut jouer à un jeu, mais on ne joue pas à la ludification.

École branchée : Quels sont les concepts et les théories qui peuvent expliquer que la ludification a des effets positifs sur l’apprentissage, la motivation ou la persévérance?

Richard Landers : Cela dépend des types et des degrés de ludification. Certains types de ludification ne semblent pas efficaces du tout. Par exemple, le simple fait d’attribuer des points aux élèves pour qu’ils réalisent des tâches n’amène pas d’amélioration. On s’intéresse depuis peu à la ludification et des recherches scientifiques demeurent à faire, mais il y a des formes d’application de la ludification qui sont prometteuses. L’une d’entre elles est la fiction, la narration et le récit. Ajouter un élément de fiction à une activité d’apprentissage est une façon intéressante de ludifier pratiquement tout. C’est une façon efficace, notamment parce que les humains ont tendance à porter davantage attention aux histoires qu’aux faits et à mieux comprendre leur sens. Par exemple, raconter à un élève l’histoire d’un explorateur qui a traversé l’océan et qui a découvert l’Amérique est plus susceptible d’être retenu que l’enseignement du style « On pense que Leif Erikson a été le premier Européen à débarquer dans l’est de l’Amérique, en telle année ».

École branchée : En tant que professeur de psychologie et chercheur, vous avez récemment étudié les liens entre la ludification et les jeux sérieux. Les jeux sérieux sont-ils synonymes de ludification? Autrement, quelle est la différence?

Richard Landers : Tel que mentionné précédemment, il y a des différences entre ces concepts. Les jeux sérieux, qui sont des jeux pour faire apprendre, sont utilisés depuis des millénaires. Un jeu sérieux n’a pas à être informatisé. Par exemple, le fameux jeu Jean dit aurait été utilisé pendant des siècles pour faire mémoriser des éléments aux enfants. Il y a actuellement une hausse d’intérêt pour la ludification, mais l’utilisation du jeu comme outil pédagogique n’est vraiment pas chose nouvelle. La ludification, c’est déconstruire les jeux, les analyser et trouver pourquoi ils sont intéressants et motivants. Est-ce en raison de la compétition? Est-ce imputable à l’interaction humaine? Est-ce dû à la fiction? Une fois ces éléments trouvés, on les transpose dans un autre contexte, soit celui de l’apprentissage. C’est ce qui constitue la nouveauté entre la ludification et les jeux sérieux.

Ecole branchée : Que peut-faire un enseignant qui désire connaître les rudiments de la ludification?

Richard Landers : Avant de lire sur la ludification, un point de départ pertinent plus simple est de s’intéresser aux potentialités des jeux au-delà du divertissement. Je recommanderais de regarder la vidéo de la célèbre conceptrice de jeux vidéo Jane McGongial. La vidéo est en anglais, mais peut être sous-titrée en français. Ceux qui veulent aller plus loin et qui sont à l’aise avec la lecture en anglais peuvent aussi lire un de mes articles portant sur la ludification et les jeux sérieux.

 

À propos de l'auteur

Dominic Leblanc
Dominic Leblanc
Diplômé en sociologie, Dominic Leblanc est conseiller pédagogique au Service des programmes et du développement pédagogique du Cégep régional de Lanaudière à L'Assomption.

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