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Les leçons de l’été 2020 à retenir pour l’éducation

[Dans l'oeil du directeur] Des plages de la Gaspésie à l'explosion de Beyrouth, en passant par les théories du complot lorsqu'on parle de COVID-19, les événements récents qui traduisent, pour la plupart, une mutation de notre société. Et si on en tirait des leçons pour faire muter à son tour l’éducation?

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On le sait tous : l’été 2020 aura été atypique. On aura vu pas mal de choses : du hockey professionnel en été, l’obligation de porter un masque pour fréquenter les endroits publics, l’interdiction de sortir du pays et même d’aller dans les provinces Maritimes, des manifestations pour les droits civiques, etc.

Face à tous ces événements qui traduisent, pour la plupart, une mutation de notre société, nous avons des leçons à tirer pour faire muter à son tour l’éducation.

Des vacances « pure laine »

Les Québécois ont été déconfinés tout en demeurant, dans un certain sens, confinés dans leur propre province. Pour certains, cela aura permis de renouer avec leur propre territoire, alors que pour d’autres, cela aura été un cauchemar. Parfois même, les conventions élémentaires de vie en société ont été négligées, par exemple sur les plages de la Gaspésie.

J’avoue m’être questionné : « mais qui a enseigné le civisme à ces gens »? Le civisme s’enseigne par les parents, certes, mais il se développe et s’applique principalement à l’école, dans un cadre social où des règles sont imposées pour assurer le succès d’une certaine forme de cohabitation. Notre personnel scolaire martèle les mêmes règles d’une année à l’autre, dès le préscolaire : lève ta main pour parler, ramasse tes déchets après avoir mangé, garde le silence dans tes déplacements, vouvoie les adultes, etc. 

Apprendre les contenus des programmes d’histoire, de français, de science et des autres matières du cursus scolaire, c’est très important. Apprendre les règles élémentaires d’un savoir-vivre en société, c’est selon moi encore plus important! L’enseignement des programmes doit contribuer à assurer la pérennité de notre tissu social. Certaines écoles parlent de « compétences humaines », d’autres mettent plutôt en avant-plan la réussite des mathématiques et des sciences. Je crois qu’une réflexion s’impose : l’éducation, c’est plus qu’une série de matières à apprendre. Nos enseignants doivent faire bien plus qu’enseigner une matière; ils doivent d’abord d’entrer en relation avec des jeunes en recherche de repères. Les enseignants sont nos passeurs de culture, d’humanité. 

Explosion au Liban

Voilà qui est révoltant : 2750 tonnes de nitrate d’ammonium sont stockées depuis plusieurs années dans un entrepôt du centre-ville de Beyrouth à la suite d’une série de malheurs. Ce produit chimique explose le 4 août et détruit une partie de la ville, tuant une centaine de personnes, en blessant quelques milliers et créant, du même coup, plus de 300 000 sans-abris. 

Cet exemple extrême me rapporte à ma profession de directeur d’école, qui me pousse quotidiennement à :

  • agir de façon bienveillante pour assurer la sécurité et préserver la santé des élèves, mais aussi de ceux qui y évoluent quotidiennement;
  • agir de façon transparente auprès des intervenants de l’école;
  • prendre au sérieux les inquiétudes des parents, des membres du personnel et de la communauté. Il faut prendre le temps d’écouter, d’analyser avant de décider de ne pas donner suite ou de prendre action;
  • bref, agir de façon responsable en se souvenant qu’une école est une institution sociale créée par les humains, pour les humains. 

La méfiance envers les autorités

Selon La Presse, une partie de la population québécoise adhère à diverses théories du complot lorsqu’il est question de la COVID-19. Elle mentionne aussi que plus du quart des Québécois ne croient pas que le port du masque ait une efficacité préventive contre le virus. 

Tous et chacun y vont de leur explication et utilisent les médias sociaux pour exprimer leur opinion, parfois en des termes peu éloquents. Mais qu’on le veuille ou non, les médias sociaux sont là pour rester. Quand on s’en sert à bon escient, ils sont un amplificateur des possibilités humaines, mais le contraire est aussi vrai : ils amplifient aussi la bêtise humaine! 

À mon avis, les enseignants et l’équipe-école jouent deux rôles primordiaux à cet égard.

Développer le réflexe de rigueur et l’esprit critique

Premièrement, développer le réflexe de rigueur et l’esprit critique des élèves. Et ce n’est pas facile, car il arrive souvent qu’une opinion, si elle est bien ressentie et bien communiquée, passe pour la vérité. C’est le phénomène des « influenceurs ». Le réflexe de rigueur est donc de passer de la transmission de savoirs pour les recentrer sur des activités d’analyse de ceux-ci. Plus que jamais, nous devons trouver le juste équilibre entre la transmission des savoirs, le développement de l’esprit critique et le développement des compétences de nos élèves. 

Agir avec rigueur en tant qu’émetteur d’information

L’élève doit aussi apprendre à agir avec rigueur en tant qu’émetteur d’information : « Ce que je dis est-il vrai? Ai-je fouillé plus loin que ma première source avant de diffuser une information? ». Pour reprendre le test des trois passoires de Socrate résumant l’acte communicatif à la nécessité de vérité, de bonté et d’utilité, il faut éduquer l’élève au poids des mots et à la mesure de ses opinions.

Ouverture et tolérance

Enfin, l’été 2020 nous a rappelé que, dans plusieurs pays démocratiques, l’égalité ethnique n’est pas atteinte. Je suis extrêmement fier de vous écrire que nos jeunes sont, du moins à mon avis, beaucoup plus tolérants que nous l’étions au même âge. J’ai la conviction que nous faisons un bon travail pour éduquer ces derniers à l’ouverture à la différence. 


NDRL : Voir cet article pour des outils qui visent le développement de l’esprit critique et des compétences numériques des élèves.

À propos de l'auteur

Marc-André Girard
Marc-André Girard
Marc-André Girard est détenteur d’un baccalauréat en enseignement des sciences humaines (1999), d’une maitrise en didactique de l’histoire (2003), d’une maitrise en gestion de l’éducation (2013) et d’un doctorat en éducation (2022). Il s’est spécialisé en gestion du changement en milieu scolaire ainsi qu’en leadership pédagogique. Il s’intéresse également aux compétences du 21e siècle à développer en éducation. Il occupe un poste de direction dans une école publique et donne des conférences sur le leadership en éducation, les approches pédagonumériques, le changement en milieu scolaire ainsi que sur la professionnalisation de l’enseignement. Il a participé à des expéditions pédagogiques en France, en Finlande, en Suède, au Danemark et au Maroc. En septembre 2014, il a publié le livre « Le changement en milieu scolaire québécois » aux Éditions Reynald Goulet et, en 2019, il a publié une trilogie portant sur l'école du 21e siècle chez le même éditeur. Il collabore fréquemment à L’École branchée sur les questions relatives à l’éducation. Il est très impliqué dans tout ce qui entoure le développement professionnel des enseignants et des directions d'école ainsi que l’intégration des TIC à l’éducation. En mars 2016, il a reçu un prix CHAPO de l’AQUOPS pour l’ensemble de son implication. Il est récipiendaire de la bourse Régent-Fortin 2022 octroyée par l’ADERAE pour la contribution importante de ses études doctorales au développement de la pratique et des savoirs en administration de l’éducation.

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