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Spotted : de la gestion de crise par les écoles à la responsabilisation des élèves

Ces dernières années, les pages Spotted sur Facebook de certaines écoles du Québec ont souvent été un terreau fertile pour la cyberintimidation. Mais qu’en est-il en ce début de nouvelle année scolaire?

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Rédigé en collaboration avec Aurélien Fiévez

Ces dernières années, les pages Spotted sur Facebook de certaines écoles du Québec ont souvent été un terreau fertile pour la cyberintimidation. À l’objectif initial du flirt anonyme s’était rapidement ajouté un flot d’insultes, de provocations, de photos dégradantes, de fausses accusations, etc. Plusieurs organismes, directions d’écoles et parents avaient alors sonné l’alarme face aux dérives que permettaient ces pages.

Mais qu’en est-il en ce début de nouvelle année scolaire? À première vue, il semble que les pages Spotted actives de certaines écoles secondaires sont administrées de façon plus responsable qu’autrefois. En visitant quelques-unes d’entre elles (en date du 18 septembre 2014), nous avons d’ailleurs noté que le ton des messages était assez cordial et jovial, la majorité portant sur des flirts anonymes et des objets perdus.

Cette évolution pourrait être liée au fait que les pages Spotted sont d’une part beaucoup plus surveillées par les directions d’écoles qui n’hésitent pas à faire appel aux corps policiers pour tout dérapage sérieux. En juin 2013, la Commission scolaire des Navigateurs à Lévis avait d’ailleurs prévenu la police que des élèves avaient tenu des propos diffamatoires à l’endroit du personnel de la direction de l’École Pointe-Lévy. D’autre part, on note que des pages Spotted semblent administrées par des élèves gestionnaires qui filtrent méthodiquement les messages qui leur sont soumis par leurs camarades de classe. Les sections « À propos » de certaines pages Spotted précisent d’ailleurs la démarche à suivre pour soumettre un message (textes originaux) :

–       « Vous avez quelque chose à dire, une déclaration, n’importe quoi… Inboxez-nous! Nous filtrons les messages haineux. » (Spotted : Roger-Comtois)

–       « Fonctionnement d’une page ”Spotted” pour ceux qui ne le savent pas : Envoyez quand vous le voulez un inbox sur la page pour que votre message soit republié sous le couvert de l’anonymat lorsque vous voyez un évènement drôle arriver, une personne que vous voulez ”shout-out”, etc!! Tout doit se faire dans le respect! » (Spotted : École secondaire Paul-Arseneau)

–       « Inboxer pour envoyer des mise à jour de vos activités étudiantes. Dans la page Spotted : La Camaradière Je demande que le respect des droits et libertés des un’s et des autres sois toujours respecter! Vos liberté se limite à se que vous ne contreveniez pas aux Lois Fédéral et provaincial! » (Spotted : La Camaradière)

Certaines pages Spotted vont plus loin en rappelant aux élèves les conséquences juridiques potentielles relatives à la cyberintimidation alors que d’autres ont même organisé la publication des messages sur la page en les numérotant, une pratique rare mais très utile tant pour les élèves que la direction de l’école.

Certes, la vigilance reste de mise, car des dérapages sont toujours possibles sur les pages Spotted alors que l’année scolaire ne fait que commencer. De nouvelles pages pourraient être créées et gérées par des élèves de façon irresponsable. Cependant, il s’agit ici d’une opportunité pour les directions d’école de faire promouvoir la netiquette par les élèves eux-mêmes, dans un environnement virtuel dont ils ont la responsabilité. Selon nous, ces bonnes pratiques de gestion de communautés virtuelles par des élèves du secondaire sont encourageantes et représentent même pour eux une première expérience quasi-professionnelle de leur future carrière. En d’autres termes, plutôt que de se limiter à surveiller et punir les contrevenants du secondaire sur les pages Spotted, nous sommes d’avis qu’il serait plus bénéfique pour les directions d’école de contribuer aux efforts bénévoles et à l’autoformation de ces gestionnaires de demain.

 

À propos de l'auteur

Gabriel Dumouchel
Gabriel Dumouchel
Gabriel Dumouchel, Ph.D., est chargé de cours en technologies éducatives à l’Université du Québec à Chicoutimi et à l’Université du Québec en Outaouais. Il est aussi consultant en communication, en éducation et en pédagogie médicale.

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